Des affects qu’on met ou non dans le vote (et de l’urgence de s’organiser pour lutter)

par | Mis à jour le 30/07/2022 | Publié le 17/04/2022 | Militantisme et stratégie, REFLEXIONS POLITIQUES | 10 commentaires

Vote et affect

Élections présidentielles, essor continu de l’extrême droite… De plusieurs posts sur Instagram et des discussions qui en ont découlé, j’ai tiré ce long billet d’humeur politique. Je crois y avoir fait un usage abusif des parenthèses, un reproche de longue date de mes enseignant·es de français… aux côtés de l’excès des trois petits points en fin de phrase ! Plus personne ne contrôlant ma maîtrise de la ponctuation, je m’en donne à cœur joie, ne m’en voulez pas. Comme d’habitude, vos commentaires sont bienvenus.


Ces derniers mois, et à vrai dire ces dernières années, j’ai beaucoup défendu l’idée qu’il fallait décentrer nos discussions politiques de la question du vote aux élections, car ces discussions nous entrainent systématiquement sur un terrain de tensions et de reproches mutuels entre militant·es. Résultat, on finit immanquablement par s’engueuler avec des personnes assez proches politiquement, avec lesquelles on pourrait plutôt discuter des façons de s’organiser et de lutter… Ma position là-dessus n’a pas changé : dès que possible, je pense qu’il faut porter une critique des élections elles-mêmes, des limites indépassables qu’elles comportent, et défendre la nécessité de s’engager sur nos lieux de vie, nos lieux de travail pour se défendre. Aucun changement fondamental ne peut provenir de telles élections. Pour autant, je n’affirme pas que voter ne change rien du tout, que les résultats des élections ne changent rien. Un gouvernement de gauche nous décevra sans aucun doute possible, et trahira très probablement, mais ce ne sera pas exactement la même chose qu’un gouvernement libéral saccageant nos conditions de vie et détruisant les services publics. Et ce même gouvernement libéral ne sera pas équivalent à un gouvernement d’extrême droite, qui peut faire encore bien pire, quand bien-même le gouvernement précédent ait pu donner l’impression que le pire était atteint (il ne l’est pas, et ça doit nous faire peur.)

Non, ce choix de décentrer le propos (et les pratiques !) des élections est bien plutôt motivé par l’idée que les résultats des élections s’inscrivent dans la continuité des rapports de force instaurés le reste du temps, et des positions légitimées dans les débats publics. En d’autres termes, il me semble si une candidature de gauche passait, c’est aussi et surtout parce que des mouvements implantés dans les classes populaires auraient réussi à mobiliser sur du plus long terme, et que cette dynamique connaîtrait ainsi une traduction dans les urnes (bien sûr c’est un peu schématique, la possibilité concrète d’une victoire de l’extrême droite a aussi créé une réaction dans le cas des présidentielles 2022, qui a bénéficié à la France Insoumise). Or ce rapport de force, on le construit ensemble, qu’on vote ou non… Des abstentionnistes qui militent par ailleurs peuvent ainsi malgré tout contribuer à une dynamique politique qui se traduira, aussi, dans les urnes. Bref, un changement significatif dans la structure des votes ne peut venir que d’un changement plus profond dans la dynamique politique, notamment d’un travail important de mobilisation pour contrer l’extrême droite et son travail de séduction des classes populaires.

Abstentionnistes, je ne vous ferai pas la morale

Pour cette raison, je refuse de m’engueuler avec des personnes proches politiquement sur la question d’aller voter ou non, et ma préoccupation reste la mobilisation de chacun·e : comment amener les personnes autour de nous à s’organiser, se syndiquer, soutenir les syndicats et les mouvements sociaux à leur échelle, les assos de lutte… Est-ce à dire que voter ou pas est entièrement indifférent ? Voire que l’abstention est un choix politique comme un autre, une sanction adressée aux dirigeants même ? Sur ces questions, mon sentiment a fluctué, et s’est précisé ces dernières semaines. J’en suis venue à distinguer ma décision personnelle, les propos que je vais tenir à mon entourage, et la position collective adoptée par l’organisation dans laquelle je milite, l’Union communiste libertaire – une distinction qui ne tiendra peut-être pas dans le temps, mais que je fais surtout pour m’aider à réfléchir à ces questions. Deux points principaux ont alimenté mes réflexions : d’une part l’idée que « les luttes se jouent sur de multiples terrains et pour des objectifs visant différentes temporalités » (Françoise Vergès citée sur le compte Instagram @PourquoiLeVoteAntifa). D’autre part, l’idée que le vote n’a pas forcément à porter des affects importants et à toucher à notre identité profonde.

L’abstention, rappelons-le, peut avoir des sens différents. Elle peut être une forme d’expression d’un rejet du système politique, mais elle est plus souvent un dégoût ou une non-adhésion qu’un acte militant accompli par des personnes engagées et assorti d’un argumentaire anarchiste travaillé. Cette perte de sens, ce dégoût, on peut que le comprendre : quand ses conditions de vie ne changent pas, quand le quotidien reste de l’ordre de la survie et que les années passent de la même façon sous des gouvernements successifs, pourquoi espérer autre chose des suivants ? Quand les gouvernements « de gauche » libéraux trahissent le peu d’espoir mis en eux en nous servant des Lois travail et une politique d’austérité, en alimentant le racisme et l’islamophobie en particulier, pourquoi croire en une énième candidature clamant qu’elle sera différente ? On a de très bonnes raisons de se détourner des urnes, il y a une rationalité là-dedans, ce n’est pas le fruit d’une mauvaise réflexion !

Malheureusement en revanche, l’abstention actuelle traduit avant tout une démobilisation, et ne s’accompagne pas vraiment d’une redirection vers les mouvements de lutte. La persistance des illusions électoralistes n’est pas une bonne nouvelle, mais le détournement des urnes non plus… En somme, c’est la merde et une chose est sûre pour les militant·es : dans tous les cas il va falloir lutter durement, y compris en cas de victoire d’un parti de gauche. La question est donc : est-ce qu’on choisit de se concentrer uniquement sur ce discours en période électorale (« Vote ou ne vote pas mais organise toi »), ou est-ce qu’on lui assortit une position en faveur d’un vote stratégique, sans illusions mais pour limiter la casse sociale et la répression de nos mouvements voire un gouvernement d’extrême droite ?

Je vote : je me trahis ?

Dans les semaines qui ont précédé le premier tour des présidentielles, je m’en suis tenue à la première position. De nombreuses autres personnes, sur les réseaux sociaux, se positionnaient pour le vote France insoumise et y encourager. Je n’ai pas voulu le faire, sachant en particulier que les abstentionnistes étaient déjà cernés de toute part, et n’étant pas à l’aise avec cette focalisation sur le vote. Parallèlement, l’Union communiste libertaire a lancé une campagne sur les élections, centrée sur le rôle des révolutionnaires et la critique de l’électoralisme (sans appeler à l’abstention). Mon choix personnel n’était même pas arrêté à une semaine environ du premier tour : je savais que je n’allais pas m’abstenir, j’aurais volontiers voté pour le NPA, je rechignais à mettre un bulletin FI au vu de la position et des discours ambigus voire franchement problématiques de Mélenchon sur la politique internationale, sur l’antiracisme… J’ai beaucoup lu de débats, de positions argumentées, et finalement, j’ai tranché cette question à la suite d’une réflexion sur les affects que je mettais dans mon propre vote.

Pensez aux personnes, vous peut-être, qui se disent : « je ne peux pas me résoudre à mettre ce bulletin ». « Ce vote, quand j’y pense, ça me fait violence. » Ou encore : « Je ne veux pas participer à la politique criminelle qui sera menée. J’aurais l’impression de me trahir ». Oui je crois qu’on est beaucoup à ressentir ça au moment des élections présidentielles… Après tout nous ne sommes pas animés par une pure rationalité, il y a des choses impossibles à dépasser, surtout quand on s’en prend plein la gueule depuis des années. Parfois, trop c’est juste trop. Oui, mais… Si je comprends entièrement ce ressenti, surtout lorsqu’il vient des personnes les plus durement touchées par les politiques menées et par la violence capitaliste en général, dans ces phrases il y a aussi des choses qui m’interpellent et dont je ne peux pas me satisfaire. D’abord, quand ces propos viennent de personnes que je sais sensibilisées voire activement militantes, je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’on fait peser sur nous-même une pression disproportionnée : lorsqu’on s’engage déjà toute l’année, se voir soi-même comme un·e « complice » parce qu’on aura mis un bulletin contre l’extrême droite, ça me semble un peu dur.

Et puis, la plupart des personnes qui me disent ça reconnaissent en tout cas que Macron et Le Pen ne sont pas équivalents, et que si la violence de l’un alimente celle de l’autre, le résultat des élections n’est pas indifférent pour autant et impactera la vie de plein de gens (là-dessus, dans un contexte où une partie des votant·es Mélenchon envisageant de voter pour le RN, des rappels s’imposent : un aperçu dans ce thread twitter). Sachant cela, et sachant qu’on aura de toute façon l’un ou l’autre au pouvoir… qu’est-ce qui nous fait penser que ce bulletin Macron aurait la force en lui-même de nous compromettre, de salir quelque chose chez nous ou pire de nous rendre forcément complice des politiques menées ensuite ? Que sauvegarde-t-on exactement chez nous en refusant d’aller voter à un second tour ? Je me pose la question. Quant à moi, je choisis de désinvestir mon vote de toute symbolique, de tout message lié à mon identité personnelle. Je sais où se place ma responsabilité : bien davantage vis-à-vis de mon engagement politique au long cours que de mon seul vote.

Ni Le Pen ni Macron : les implications

Si notre position est « Ni Le Pen ni Macron », ce n’est pas dans le cadre d’un second tour qu’on peut réellement la tenir : qu’on le veuille ou non, ce sera l’un ou l’autre. Si c’est « Ni Le Pen ni Macron », alors ce qui compte vraiment, c’est de s’organiser pour résister, pour peser, pour porter un autre projet et pour convaincre de s’y rallier.

On pourrait me répondre que Macron se targuera d’une majorité au second tour pour mener ses politiques. Hé bien oui, évidemment. Mais quel que soit le taux d’abstention, elles seront menées quand-même, et ils raconteront ce qu’ils veulent pour se justifier… Voter ou non n’y changera rien. Tout simplement parce qu’ils ont le pouvoir. Et « eux », ce n’est pas seulement LREM. Les capitalistes ont le pouvoir, le rapport de force n’est pas en notre faveur… et l’abstention ou les votes blancs, ils s’en fichent à mon avis comme de leur première couche culotte. Ce serait peut-être un tout petit peu différent si le vote blanc était reconnu et si cette reconnaissance était assortie d’une règle imposant un minimum de pourcentage des voix exprimées pour passer au second tour… (J’ai quelques doutes là-dessus mais il faudrait un article entier pour en discuter). En tout cas, à nous de leur rappeler qu’on ne les soutient certainement pas, et qu’on ne compte pas se faire dicter la légitimité ou non qu’on aurait à leur mettre des bâtons dans les roues. C’est par notre mobilisation qu’on affirmera que ce vote n’a rien d’une caution.

Voter (ou pas) : et ensuite ?

Finalement, c’est bien parce que je suis très critique des élections, de la démocratie représentative (bourgeoise devrait-on dire), et de toutes les illusions qu’elle comporte, que j’ai pu entretenir cette distance critique l’acte de vote. Et que, paradoxalement peut-être, cela me convainc de voter quand-même, second tour compris, sans que je vive particulièrement mal ce moment (je parle du vote lui-même, je vis mal la situation politique dans son ensemble évidemment…)

Placer nos engagements ailleurs, s’organiser, se préparer aux attaques mais aussi aux trahisons des éventuels gouvernements de gauche, c’est aussi libérateur finalement. Dans mon cas, c’est ce qui me permet d’aller aux urnes en considérant mon vote comme un investissement stratégique minimal, et en pensant surtout à la suite. Le changement qu’on souhaite voir advenir, on y travaillera en ayant voté ou non, et à mon échelle je ne crois pas devoir choisir entre œuvrer politiquement dans une perspective révolutionnaire, et accomplir un vote stratégique sur lequel je ne me fais pas d’illusions. Je ne pense pas que le second affaiblisse le premier, d’autant moins dans un contexte où aucune force révolutionnaire ou de gauche, aucun mouvement social ne serait en mesure d’organiser un boycott massif des élections susceptible d’avoir un quelconque impact.

Pour autant, je comprends les motifs invoqués par les abstentionnistes. Je comprends évidemment le fossé créé entre la politique politicienne et toute une partie de la population qui en subit le pouvoir, je comprends que des émotions et le souvenir de la violence soient impossibles à dépasser pour certaines personnes, je comprends aussi l’idée selon laquelle on donne involontairement malgré tout une légitimité aux élections en participant (j’ai adhéré en partie à cette position qui ne me convainc pas entièrement, mais mon avis n’est pas tout à fait arrêté encore). J’apprécie les discussions là-dessus et je ne me vois pas harceler les abstentionnistes du second tour lorsqu’on partage valeurs et luttes communes. Je suis bien davantage préoccupée par l’urgence absolue qu’il y a à reconstruire nos espaces de lutte, à organiser la résistance, à reconquérir un peu de pouvoir (ce qui ne se fera, à mon sens, pas par les urnes). La priorité étant posée, de mon côté je ne vois pas de problème à me boucher le nez pour éviter un gouvernement d’extrême droite à court terme… extrême droite dont on tend à oublier à quel point elle n’est pas simplement une version plus radicale du projet de Macron (parfois qualifié de fascisant, ce qui est à double tranchant : ça nous permet de discuter de ce qu’on entend par là et donc du fascisme, mais ça relativise probablement aussi la différence qui subsiste malgré tout avec l’extrême droite…).

Comme je l’évoquais plus haut, je distingue donc finalement :

  • Mon choix personnel vis-à-vis du vote : je vote, au premier mais aussi au second tour.
  • Les propos que je vais tenir à mon entourage : ils vont largement dépendre de l’entourage en question et des rapports qu’on entretient. Mes convictions ne changent pas, mais l’issue possible de la conversation oui. Parfois le maximum qu’on puisse espérer c’est de dissuader de voter pour l’extrême droite, et de s’abstenir quitte à ne pas vouloir voter Macron dans le cas du second tour. Parfois on peut discuter un peu plus de ce que signifie lutter contre l’extrême droite. Parfois on ne peut pas discuter du tout. Enfin, je ne vais pas axer toute une discussion sur la seule question de voter pour « faire barrage », mais j’en discuterais volontiers et je défendrais quand-même de façon minimale cette position (par minimale, j’entends par là que je donnerais volontiers mes arguments, mais que je ne veux pas en faire l’enjeu premier de la conversation)
  • La position collective défendue en tant qu’organisation politique : l’Union communiste libertaire s’est prononcée collectivement, et la campagne lancée dans le contexte des élections vise principalement à leur critique. Elle n’appelle pas à l’abstention, mais alerte sur la nécessité de s’organiser pour construire des contre pouvoirs quelle que soit l’issue. Comme d’autres organisations syndicales et révolutionnaires, la position est « pas une voix pour Le Pen », mais ne donne pas de consigne pour voter Macron pour autant. Cette position me convient, parce que c’est un message qui manque terriblement. Certains groupes locaux de l’UCL, tout en relayant la campagne, ont pris des positions un peu différentes en considérant que bloquer Le Pen dans les urnes s’avère incontournable malgré tout, malgré la petitesse du répit procuré.

L’extrême droite gagnante dans tous les cas

Une chose est sûre : je suis très inquiète. Parce qu’on votera, on le sait, pour un autoproclamé pompier pyromane – en fait pyromane tout court, pas de pompier à l’horizon – dont la politique pour les 5 ans à venir alimentera encore l’essor de l’extrême droite. Comme le soulignait récemment Sihame Assbague, la question du vote au second tour ne se pose plus en termes de barrage : Macron ne construit aucun barrage, il bâtit même carrément des ponts, et activement. C’est glaçant, mais l’extrême droite sort gagnante dans tous les cas.

Il n’y aura donc aucun soulagement à avoir si on parvient à éviter leur victoire électorale une fois de plus, après plus de deux décennies dans ce même schéma, avec une extrême droite qui s’étend toujours plus et s’organise. Or beaucoup voteront Macron par peur légitime du RN, beaucoup voteront Macron en soutien à l’ordre capitaliste établi, ou par défense abstraite « républicaine » de la démocratie… et beaucoup seront à tort soulagés si le RN perd. Bien sûr, beaucoup de personnes sont parfaitement conscientes de ce qui nous attend, dans la partie de la population qui subit les attaques sociales, le racisme, et toutes les joyeusetés que nous réserve la droite. Mais nous serons une minorité à considérer sérieusement que l’urgence est de s’engager dans les structures de lutte susceptibles de constituer des contre-pouvoirs, et ce quel que soit l’issue du scrutin. Pas juste de se positionner contre le racisme, de faire un don de temps en temps à un parti ou une association, mais de participer vraiment.

Pire, une partie des votant·es de gauche envisage un vote Le Pen au second tour, relativisant complètement ce que représente le RN et adhérant ainsi à la dangereuse arnaque médiatique qui en fait un « parti antisystème » volontiers adossé à la FI.

Encore et toujours : s’organiser

Cette situation m’attriste et me fait peur. Des années difficiles ont précédé, d’autres plus difficiles encore nous attendent. Mais quel autre choix avons-nous que d’essayer à tout prix de renverser la tendance ? C’est l’objectif qu’on doit se donner en tant que militant·es, de convaincre que la responsabilité de chacun·e est de s’organiser, de ne pas déléguer, de se défendre soi-même. Agir dans les syndicats, les associations de de lutte (contre l’extrême droite, féministes et LGBTI, antiracistes, antivalidistes, pour les conditions de vie…), et les organisations politiques qui défendent nos intérêts et portent un autre projet de société. Si vous voulez, on peut en discuter.

Et si vous vous questionnez sur la possibilité de vous engager politiquement vous pouvez toujours jeter un œil à cet article qui vous donne des pistes pour faire de premiers pas dans cette direction.


Comment est-ce que vous ressentez cette période électorale de votre côté ?

10 Commentaires

  1. Ada

    Super article ! Merci d’avoir écrit ces propos aussi clairement ! Je suis moins sympa que toi sur un point : les militants/sympathisants LFI n’ont pas encouragé à voter pour Mélenchon, iels nous ont harcelé et culpabilisé. Me culpabiliser est facile, ça m’a bien pris la tête d’ailleurs, d’où ma décision de voter Mélenchon non pas pour les raisons qu’iels évoquaient mais juste pour voir ce qui se passe. Une décision cynique, une décision de privilégiée qui n’en est pas une. Imagine, j’aurais voté pour MLP pour « voir ce que ça donne » ? C’est dangereux et c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour dépassionner la chose pourtant. Avec la menace du fascisme, pour moi, c’est à la fois rationnel et passionnel de voter Macron, aha.

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    • La Nébuleuse

      Coucou ! Tu penses à quel passage sur lequel je serais plus sympa 🙂 ? (J’ai volontairement pas évoqué ici la question de l’attitude des partis de gauche, ça aurait été long aha).

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      • Ada

        « De nombreuses autres personnes, sur les réseaux sociaux, se positionnaient pour le vote France insoumise et y encourager. » C’est le mot éencourager » qui m’a fait tiquer mais si t’as connu des discussions apaisées sans avoir l’air de parler à un mur, c’est pour ça.

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        • La Nébuleuse

          Ah oui ok je comprends ! C’est vrai que je pensais plutôt aux personnes qui se sont positionnées pour ce vote là sans être à la FI. Mais que ce soit les militant·es FI ou d’autres, c’est clair que très souvent le mot « encourager » est un peu gentil !

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  2. Ada

    En tout cas, merci pour ton article (d’où il envoie mon message alors que j’ai pas fini ?) et je tiens à souligner ce passage : « En tout cas, à nous de leur rappeler qu’on ne les soutient certainement pas, et qu’on ne compte pas se faire dicter la légitimité ou non qu’on aurait à leur mettre des bâtons dans les roues. C’est par notre mobilisation qu’on affirmera que ce vote n’a rien d’une caution. » Exactement !

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  3. Milounette

    Merci beaucoup pour cet article et le partage de tes réflexions… Pour ma part, malgré une position assez désabusée sur le pouvoir que l’on a en tant que citoyen.ne par le biais des élections, et de la « politique polititienne », je me suis toujours fait un devoir d’aller voter et bien souvent je me retrouvais dans ces espèces de « conflits » moraux que tu décris à mettre dans l’urne un bulletin qui ne me convainquait pas vraiment (voir me rebutait…) et je le vivais assez mal. Surtout quand ensuite on te dit que tu n’as pas le droit de de plaindre ou de remettre en question telle ou telle politique/mesure, parce que après tout, tu as voté pour cette personne… Cela en était arrivé à un point où, effectivement, je commençais à envisager sérieusement de m’abstenir au second tour, car « donner ma voix » à Macron me faisait plus que mal au coeur, car je prenais ça comme le fait de cautionner sa politique. Ton article me fait réfléchir et revoir ma posture : je peux voter Macron, ET lutter ensuite contre le monde qu’il veut nous imposer, l’un n’empêche pas l’autre ! Alors merci, vraiment.

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    • La Nébuleuse

      Merci beaucoup de prendre le temps de me faire un retour, c’est précieux ! Oui c’est insupportable le chantage post-élections, sur qui est censé avoir le droit ou non de se plaindre (que ce soit adressé aux votant·es ou aux abstentionnistes d’ailleurs)

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  4. Emilie

    Merci pour cet article avec lequel j’ai forcément des désaccords car je ne compte pas voter pour Macron au 2ème tour.
    Je l’avais fait en 2017 pour faire barrage et étant donné ce quinquennat, j’ai décidé de me remettre en question et de ne plus faire cette erreur. Je n’avais pas beaucoup d’espoir au départ mais force est de constater que je n’avais pas anticipé l’essor de l’extrême droite à ce point, le niveau de racisme décomplexé et de violences en tout genre.
    Donc ce sera sans moi cette fois-ci (désolée). J’ai hésité entre l’abstention et le vote blanc et j’ai opté pour ce dernier (je me déplace systématiquement pour toutes les élections et je compte quand même aller voter dimanche).

    J’avoue aussi considérer le vote pour Macron comme un soutien implicite à sa politique (en tout cas pour les personnes non militantes comme moi). Je pense en tout cas qu’il ne faut pas se faire d’illusions et que ces votes seront globalement présentés comme des votes d’adhésion (ce qui me pose problème).
    J’accorde donc une très grande importance à mon vote puisqu’il s’agit du seul moyen que j’ai pour m’exprimer politiquement.

    Concernant que faire pour améliorer la situation, je dois dire que je suis très pessimiste. Je serai très triste des résultats quoiqu’il arrive.
    Je vais toutefois être honnête : je n’ai pas prévu de m’engager collectivement pour le moment dans quoique ce soit (parties politiques, syndicats, associations, etc.).
    En effet, j’ai des réticences de fond avec l’ensemble des parties politiques (choisir pour qui voter est toujours stressant et difficile pour moi), je suis au chômage et j’ai donc d’autres priorités (m’en sortir financièrement notamment) et mon caractère est (je pense) un obstacle pour m’engager collectivement. Je suis aussi assez réticente concernant certaines méthodes des milieux militants (la dernière en date étant le forcing des militant.e.s LFI pour inciter à voter pour Jean-Luc Mélenchon).

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    • La Nébuleuse

      Merci pour ton retour ! Comme je le dis dans l’article, je ne compte pas faire la morale aux abstentionnistes. Je comprends tout à fait les réticences vis à vis de certains militants, mais dans le cas que tu cites c’est donc propre à un parti donné, ça ne s’appliquerait pas pour l’organisation dans laquelle je milite par exemple (qui ne présente pas de candidat et ne donne pas de consignes de vote, on se focalise sur l’action à la base on va dire, même si on travaille sur des fronts communs avec des militant·es de certains partis dans d’autres cadres). Sur le vote en 2017, je comprends très bien ton sentiment, c’était vraiment le mien aussi les premières années du mandat Macron… Mais je trouve que c’est triste de penser que c’est nous qui avons fait une erreur en votant Macron pour faire barrage en 2017, c’est pas nous qui avons mené cette politique… et quoi qu’on fasse comme choix, il sera de toute façon retenu contre nous ! Si on s’abstient ou qu’on vote blanc on sera accusé aussi d’être complice de la dynamique politique ou de bloquer la démocratie, si on vote le candidat sortant du second tour pourra s’en targuer aussi (même si depuis quelques élections ils se font plus discrets là dessus, ils savent très bien que ce ne sont pas des votes d’adhésion, mais au final ça ne change rien, ils ont le pouvoir à la fin de toute façon). En fait le système même ne nous donne aucun bon choix, on se retrouve à regretter perpétuellement soit d’avoir voté, soit de ne pas avoir voté ! Pour moi c’est l’essentiel à avoir en tête, ce sera que des choix imparfaits, et les groupes au pouvoir peuvent de toute façon choisir le discours qu’ils tiendront dessus… Tout mon soutien pour la suite en tout cas, c’est bien normal d’avoir d’autres priorités et de se concentrer déjà sur sa propre situation. J’espère évidemment que tu trouveras des groupes avec des pratiques qui te conviennent un jour, mais ça dépend de beaucoup de facteurs 🙂

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