En 2018, je publiais cet article qui marquait le début d’une vraie prise de position critique de ma part concernant les appels à la consommation éthique. Quatre ans après, je le relis avec un petit sourire, car je me trouve bien sage ! Entre temps, ce point de vue a été amplement discuté, et nos discussions en ligne comme dans nos associations et organisations politiques ont permis de retourner cette question un peu dans tous les sens. Si le sujet vous intéresse, je recommande pour un angle sociologique la lecture du livre de Sophie Dubuisson-Quellier, La consommation engagée.
Si vous lisez cet article, vous êtes peut-être un ami, peut-être une personne de passage. Mais il est possible, aussi, que vous me connaissiez via les réseaux sociaux et en particulier via ma page Instagram où je communique régulièrement avec nombre de personnes sympathiques dont j’apprécie les mots et les images. Entre récits de voyage, paysages et portraits, Instagram est aussi un lieu d’échange parmi d’autres autour du végétarisme, de la réduction des déchets, du minimalisme, et différentes démarches de réflexion sur notre consommation. Comme beaucoup d’autres personnes (des femmes essentiellement) dans ces sphères, j’essaie depuis plusieurs années de m’interroger sur mes actes de consommation et d’acheter plus « éthique » : je suis à présent végane ou presque, j’essaie de limiter mes déchets au quotidien, je ne fréquente quasiment plus les magasins de vêtement « conventionnels », etc. C’est important pour moi de faire ces petits efforts, d’assimiler ces réflexes. Pour me sentir cohérente, pour passer un message et lancer des discussions, et finalement, aussi, pour mettre en œuvre concrètement des bribes de ce que j’imagine être un monde meilleur : c’est possible et ça commence ici et maintenant…
Cependant, vous vous en doutiez à la lecture du titre, ce n’est pas d’un énième appel à « mieux consommer » qu’il va s’agir ici. Car si je fais moi aussi de mon mieux, si j’estime que l’on devrait le faire quand on en a le temps et les moyens, il y a un mais. En effet il me semble clair aujourd’hui que ces actes que je construis avec plaisir, sans leur donner non plus une importance démesurée, deviennent sur nombre de blogs, comptes et pages diverses LA démarche militante par excellence… non sans quelques contradictions. Mon propos va se concentrer essentiellement sur les démarches de promotion de gammes de produits éthiques, notamment de vêtements, de cosmétiques et de produits alimentaires.
Consommer mieux, d’accord, mais après ?
Je l’avoue d’emblée, je consulte toujours pas mal de blogs s’inscrivant dans cette démarche de consommation éthique, parce que le travail de leurs autrices me facilite la vie lorsque j’ai ponctuellement besoin d’un produit, lorsque je recherche un rapport qualité-prix qui me convienne par exemple. J’y passe moins de temps qu’il y a quelques années car je ne suis plus en phase de découverte de cet univers, mais je prends plaisir à y retourner régulièrement. Malheureusement, je ne peux m’empêcher d’avoir cette impression de plus en plus prononcée d’un lissage général du discours. Un discours qui dépasse rarement ce stade : « n’achetez plus ceci, on sait maintenant que c’est vraiment nul, donc achetez plutôt cela !«
Alors oui, d’accord, pourquoi pas, mais en ce qui me concerne, je trouve ça particulièrement frustrant. J’attendrais des contenus de justification un peu plus poussés. Par exemple, comment s’est opérée cette prise de conscience, est-ce que l’auteur s’est penchée sur les conditions de production plus en détails, les procédés de fabrication des produits conventionnels VS ceux qu’elle défend, le fonctionnement des labels, la décomposition du prix d’un produit « éthique » par rapport à un produit standard (notamment pour les vêtements), ce qu’arrivent réellement à gagner les petits artisans locaux lancés dans cette démarche, etc. La liste est longue de thèmes qui sont susceptibles d’enrichir le propos, et pour être fair-play, je reconnais que certains blogs portent attention à ce point. Ce sont d’ailleurs ceux que je préfère…
En attendant la tendance générale m’alarme : les blogs « consommation éthique » ne proposent souvent rien de plus que quelques lignes sur un documentaire ou un livre choc lu récemment — pas toujours des plus rigoureux — suivis d’une tripotée d’articles clonés sur les blogs les plus suivis, où l’on nous explique comment et pourquoi acheter telle marque, sur quel e-shop super innovant, etc. Mea culpa de ce côté : il y a deux ans, le premier article que j’avais tenté de publier portait sur la consommation de vêtements d’occasion et la plateforme Vinted… avec des photos super moches. On va dire que je parle en connaissance de cause, hum. Mais peut-être cette tendance est-elle due au fait que nombre de blogs et pages à présent axées « éthiques » sont surtout à la base des blogs « lifestyle » qui nous parlent… de consommation.
Moins consommer… mais consommer quand-même
Résultat potentiel de la migration de blogs lifestyle, cosmétiques, mode etc. vers le créneau éthique, et de l’inspiration des néophytes puisée dans les blogs stars : les blogs éthiques ressemblent trop souvent à des catalogues d’achat. On se retrouve donc avec un paradoxe fort, parfois au sein des mêmes pages. Ce paradoxe c’est celui de défendre des modes de consommation qui soient plus durables, moins immédiatement catastrophiques à la fois en choisissant mieux et en consommant moins, le tout en affichant sur son site des articles qui portent en grande partie sur des marques ou des gammes éthiques testées et qu’on suggère aux lecteurs d’acheter. La tendance phare du minimalisme n’échappe pas à la règle : il s’agit de consommer moins et mieux, d’avoir le moins de choses possibles, mais cela n’empêche pas toujours de pouvoir tenir un blog entier sur les produits privilégiés dans cette démarche…
Cette tension n’est pas nouvelle, elle est souvent vécue de l’intérieur par les militants des associations défendant une production plus éthique. Prenons l’exemple de la production de vêtements, qui est devenue un symbole de l’ultra exploitation des travailleurs des pays les plus pauvres. Dans un article paru en 2014 [1], Philip Balsiger (sociologue) analyse ainsi les stratégies d’une organisation œuvrant pour améliorer les conditions de production des vêtements achetés en Europe. Les militant·es de celle-ci se retrouvent en proie à des dilemmes politiques, et les discussions internes sont vives autour du développement d’une « carte de shopping éthique » (ma traduction est approximative). La promotion de cet outil conduit à mettre en avant certaines marques et magasins, et à organiser des évènements qui mettent mal à l’aise certains de par leur proximité avec des évènements « marketing ». Un responsable de campagne finit par déclarer qu’il « est là pour mettre la pression sur les marques, par pour promouvoir du coton bio ». L’équilibre entre stratégie de pression et de dénonciation des entreprises, et stratégie de promotion d’alternatives est donc particulièrement délicat. Nombre de militants craignent alors de voir leur action, conçue comme politique par beaucoup, être dévoyée. Et ce pour mettre parfois l’accent sur des alternatives chères, vendues dans des magasins haut-de-gamme, dans des quartiers huppés ou en voie de gentrification (un exemple en est donné dans l’article que je cite, avec l’organisation d’une soirée de lancement de la campagne dans ce type de lieu).
« Le vrai prix des choses »?
Comme je le mentionnais, dans le cadre de l’article cité, la promotion de marques et de magasins hauts-de-gamme — dont les prix affichés ne sont accessibles qu’à une minorité de personnes — n’était pas anodine pour une telle campagne. L’objectif était en partie d’attirer de nouveaux publics, plus jeunes, moins politisés. J’aimerais à présent rebondir sur cet exemple pour dire quelques mots sur la façon d’appréhender le prix élevé des gammes présentées comme les plus éthiques. À la lecture de nombreux articles sur la consommation éthique, on retrouve l’idée que ces produits sont plus chers car on paie leur vrai prix, le prix nécessaire pour rémunérer correctement les travailleurs ou l’artisan indépendant qui les fabrique, le prix nécessaire pour que la production soit respectueuse de l’environnement et/ou des animaux. Si j’ai pensé exactement de la même façon à une période, je trouve aujourd’hui le raisonnement trop simpliste, voire glissant et dangereux même s’il part des meilleures intentions possibles. En effet, cette logique conduit généralement à cette conclusion : « Et bien oui, c’est plus cher, mais c’est le prix qu’il faut mettre pour avoir des produits durables et éthiques, donc il n’y a qu’à consommer moins et économiser plus longtemps, voilà tout. C’est simplement une question d’organisation. » Il y a plusieurs soucis dans ce type de discours.
Le premier, le plus évident, c’est que tout le monde n’a pas ne serait-ce que la possibilité de s’organiser à l’avance pour acheter des marques éthiques. Beaucoup de ces produits ne sont réellement accessibles qu’à une minorité de la population, c’est un fait. Pas seulement à cause de leur prix il est vrai, mais aussi à cause de leur absence des circuits de distribution les plus immédiatement accessibles, d’un manque d’information, d’un manque de disponibilité mentale pour se préoccuper de ces questions. Sur ce point toutefois, beaucoup d’autrices de blogs (je n’ai quasiment pas lu d’articles d’auteurs) se sont déjà exprimées et c’est heureux, en soulignant l’importance de ne pas porter un discours culpabilisant qui ferait de la consommation de certains produits au prix plus élevé l’objectif ultime, et parfois en proposant d’autres manières de faire (dont les achats d’occasion et la récupération gratuite mais aussi les emprunts, le troc).
Mais il y a un second point qui me tarabuste dans l’approche que j’ai présentée : qu’est-ce qu’un vrai prix ? Il est vrai qu’aujourd’hui produire à petite échelle coûte plus cher : l’achat de matières premières, a fortiori de grande qualité est plus coûteuse pour les petits fabricants. Beaucoup de contraintes pèsent sur leur processus de production, et parfois les artisans concernés ne se paient qu’un salaire modeste. Il y a ensuite les entreprises moyennes, pour qui ces coûts pèsent aussi, mais dont je me demande déjà comment le prix de leurs produits se décompose : quelle est la place de la marge de bénéfice par rapport aux coûts de production et aux salaires versés ? Ne parlons pas des gammes « éthiques » proposées par des grandes marques, vendues plus chères que leurs gammes standard sans aucune justification autre que la recherche d’une marge plus grande ! Dans tous les cas, même lorsque qu’on peut trouver des explications à un prix plus élevé, et c’est mon point principal, ce n’est jamais LE vrai prix absolu de ces produits, c’est leur prix dans un contexte donné, dans le contexte d’un marché de niche et dans une économie capitaliste.
Dans un autre système de production, le prix pour les mêmes produits n’aurait rien à voir. Encore faut-il penser en termes d’organisation de production, et réfléchir à partir de là aux moyens de peser là dessus, pas seulement à l’échelle de notre acte d’achat.
Des limites de nos actes individuels de consommation
Partant de là, il est frappant que nous n’ayons presque jamais l’occasion de lire sur des pages dédiées à la consommation éthique (ou à l’éthique de manière plus générale) des réflexions sur les perspectives de luttes pour aller plus loin que nos petits efforts lors de nos achats. Pour changer ce système économique en profondeur et faire en sorte que ce qui n’est finalement aujourd’hui qu’un marché de niche devienne une norme, le mode standard de production : des produits de qualité durables, des travailleurs payés correctement et travaillant dans de bonnes conditions, une production efficace dans le respect de l’environnement… On peut avoir un peu le vertige et trouver le projet ambitieux, surtout si l’on est peu familier des luttes politiques. Alors, même si je souhaite sincèrement que cette réflexion politique se propage au maximum, disons que cela serait un début si davantage de blogs essayaient de proposer des points de vue un peu différents, qui sortent du conseil d’achat. Qu’on s’interroge sur la façon de s’assurer que le développement d’un marché éthique ne s’ajoute pas simplement aux autres marchés. Qu’on se demande comment nos actions pourraient avoir une influence réelle sur les conditions de travail dans les plus grandes firmes et leurs sous-traitants.
Car le capitalisme absorbe bien plus vite qu’on ne le pense nos tentatives de consommations éthiques, nos petits efforts pour aller vers un mieux… Digérés, ils sont régurgités dans un joli paquet plus séduisant que le précédent, mais bien peu subversif, qui n’inquiète pas tant que ça les grandes entreprises ! Elles ont d’ailleurs bien compris le coup à jouer pour récupérer ces volontés sincères, ainsi d’H&M et autres marques qui proposent des lignes éthiques particulières plutôt que de modifier l’ensemble de leurs procédés. Ils ont en effet bien plus intérêt à capter cette part de marché que sont les « consommateurs éthiques » qu’à se donner d’eux-mêmes des contraintes qui mettraient leurs taux de profit en péril ! En pensant œuvrer à un changement profond par nos comportements de consommation, le risque est quand-même bien là de se laisser avoir par cette stratégie. Parce qu’on a envie de penser qu’on peut militer par ses actes quotidiens, en se faisant plaisir, en achetant à manger, en investissant dans une robe made in France toute mignonne… Et ça je le comprends, je suis même moi aussi concernée dans une certaine mesure. Mais gare à ne pas endormir notre vigilance en cédant à la perspective plaisante de réduire son militantisme à ces actes minimaux (et relativement confortables).
D’autant (et c’est là un point important) qu’il y a une violence à l’oeuvre dans l’idée de la consom’action et de l’acte d’achat comme vote : en faisant de la consommation éthique le geste militant par excellence, la façon de s’exprimer dans un marché capitaliste, on nie finalement toute possibilité pour toute une partie de la population de faire entendre sa voix. On vote avec son portefeuille ? C’est le suffrage censitaire par excellence, on ne peut voter qu’au-delà d’un certain revenu. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça ne fait pas rêver… ou alors c’est un rêve bourgeois.
Or lorsqu’on souligne ces aspects, certain·es reconnaissent que c’est une vraie question mais se contentent de conclure qu’effectivement certain.es ne peuvent pas se le permettre et que c’est dommage mais bon, tant pis, continuons, et même « faisons-le pour ceux qui ne peuvent pas ! » Il est facile de se persuader que nos avantages (financiers, en temps etc) sont vertueusement investis dans ces modes de consommation, et qu’on construit le monde de demain, que certain·es, les pauvres, ne peuvent pas construire, mais qu’y puis-je… Cette vision m’horrifie assez, pour tout dire.
Conclusion
Je conçois ce que le propos peut avoir de déprimant par certains aspects, mais l’idée n’est pas de nier les efforts sincères produits par nombre de personnes. Je suis en revanche convaincue que malgré les victoires marginales qu’on peut obtenir en boycottant ou en achetant autrement, ce n’est pas cette démarche qui impulsera des changements d’ampleur, car les possibilités de récupération et d’absorption dans une logique capitaliste sont énormes. Ce sont, bien davantage, les luttes collectives dans les différents secteurs de production concernés et notre soutien solidaires à celles-ci qui peuvent porter leurs fruits, ainsi que nos propres luttes dans nos propres secteurs d’activité. C’est l’action collective. C’est le militantisme politique, un gros mot par les temps qui courent. Je suis persuadée que garder ces éléments à l’esprit, si cela ne doit pas nous empêcher de continuer nos efforts, évitera en tout cas bien des désillusions.
Si vous vous sentez concerné.e par cette réflexion, si vous voulez y apporter un complément ou un point de vue différent, comme toujours cet article se veut un espace de discussion !
[1] Psssst ! N’oubliez pas que Sci-Hub est là pour vous aider à accéder aux articles payants…
Balsiger, Philip. 2014. « Between Shaming Corporations and Promoting Alternatives: The Politics of an “Ethical Shopping Map” ». Édité par Francesca Forno et Paolo R Graziano. Journal of Consumer Culture 14 (2):218‑35
Merci pour cet article 😊
Ta réflexion est très intéressante. Je pense en effet qu’une consommation éthique est un premier pas dans une démarche bien plus large de prise de conscience et d’actions « citoyennes » du quotidien. Cette consommation doit se faire comme faisant partie d’un grand tout, tout en prenant conscience des différentes stratégies des entreprises s’engageant dans une démarche éthique : le font-elles car ce développement fait partie de leurs valeurs profondes ou le font-elles sans d ‘autre objectif sous-jacent que de s’accaparer une niche, comme tu le décris bien, en prenant l’exemple d’ H&M et sa gamme éthique.
En tout cas, cette consommation ne devrait pas servir d’excuse pour se « dédouaner » sur tous les autres aspects du quotidien sur lesquels nous pouvons agir, elle est un pas mais la réflexion doit être élargie 😊
Je parle également comme quelqu’un qui cherche son chemin dans ce processus 😊
Merci pour ton commentaire ! La question des valeurs des entreprises est compliquée je pense, quand c’est une entreprise de quelques personnes on peut identifier d’où vient l’initiative à quoi ça correspond…dans des firmes plus grandes la responsabilité est diluée et même si à certains niveaux des gens se dévoilent sincèrement, souvent ça ne pèse pas bien lourd et ils sont rattrapés par les logiques de profit. En gros la machine dépasse les valeurs des individus…
Tu as raison. De mon côté j’essaie de soutenir de petites entreprises et artisans dont la démarche et les valeurs me semblent plus transparentes et risquent moins d’être biaisées par cette logique de profit à outrance. Même si tout effort venant d’un grand groupe ne doit pas être dénigré et reste tout de même une chose positive 😊
Oui les efforts sont positifs, mais il ne faut pa se leurrer, les patrons ne se sont pas réveillés un matin en se disant qu’il fallait faire des efforts… c’est parce qu’on leur a mis la pression de différentes manières 🙂 Merci pour ton commentaire !
Coucou Irène,
Je prends un petit moment pour répondre à ton super article. C’est sans doute brouillon (et très long), pardon !
Je ne pense pas que changer son mode de vie et ses habitudes de consommation soit LA démarche militante par excellence. En revanche je pense que c’est UNE des démarches possibles et qu’elle a un poids plus important que ce qu’on en dit. Acheter des légumes locaux au marché, c’est permettre à un maraîcher de travailler dans de bonnes conditions. Ça a un impact direct, concret. C’est pareil pour plein de petits gestes finalement et probablement plus parlant pour beaucoup de gens que de théoriser pendant des heures. Et ça peut avoir un impact politique quand suffisamment de gens changent leur habitude, et qu’on observe des modifications à grande échelle.
Ne rien faire parce que « ça ne résout pas tout », c’est à mon sens une façon se donner bonne conscience. Est-ce que nos petits gestes changent quelques choses à la situation mondiale ? Non sans doute. Est-ce qu’il faut rester coincer dans nos modes de vie hyper polluant sans lever le petit doigt en souhaitant et en militant pour un changement politique de grande envergure ? Je ne pense pas non plus.
Je te rejoins sur l’aspect des dérives. Déjà, consommer, même éthique, ça reste consommer. On peut tout à fait surconsommer éthique. Du coup les blogs qui ne parlent que consommation me font tiquer. Et pourtant c’est aussi grâce à eux que l’on découvre des alternatives chouettes. Pointer les problèmes c’est bien, trouver des solutions pratiques c’est utile aussi. Même si à mon sens, l’idéal serait de sortir de ce cercle de consommation à outrance.
Ensuite le prix des produits éthiques. Clairement il y a des abus et beaucoup de produits ne sont accessibles qu’à une minorité de gens. Ici on a de bons salaires et pourtant certains tarifs me font tousser très fort. Je me souviens d’une boite de granola à 10€ les 250 g croisée l’année dernière au détour d’un rayon. XD La marque m’a répondu « oui mais c’est cru alors c’est plus nutritif vous comprenez »… Je ne vois pas qui peut se payer un produit pareil sur un budget familial… Tu parles aussi de la transparence des marques. Certaines le sont complètement heureusement, je pense notamment à La révolution textile qui détaille ses prix sur son site.
La partie de ton billet sur les grosses entreprises qui absorbent et digèrent les tentatives de mieux éthiques me parlent beaucoup. On en a vu des petites marques se faire acheter par un grand groupe et du coup perdre le fondement de leurs valeurs…
A la fin de ton billet, tu parles de luttes collectives et de militantisme politique (qui ne sont pas des gros mots ^^). Ce sont des démarches poussées, qui demandent de gros investissements (physique, mental, et de temps) quand on veut prendre part à des débats, des manifs, adhérer à des partis (si tant est qu’il y en ait un dans lequel on se reconnaisse déjà)… Même simplement pour écrire sur ces sujets, ça peut être compliqué. A titre personnel, je ne me sentirais pas la légitimité de traiter de politique pure et dure sur mon blog. A tort ou à raison, c’est un autre sujet. Du coup, je préfère parler des thèmes que je connais un peu et qui me semblent à ma portée et à la portée de chacun.
Pour venir à bout de ce commentaire fleuve, je pense sincèrement que les deux aspects peuvent et devraient aller de pair : proposer des alternatives éthiques et mener des actions politiques pour proposer une autre économie, une autre société, une autre vision du travail et du salariat… L’une pouvant influer sur l’autre. On peut aussi tout à fait commencer par changer ses habitudes, puis grâce à cela, s’intéresser à la politique. Ce fut mon cas par exemple, j’ai commencé par m’intéresser au végétarisme puis j’ai découvert les mouvements de gauche, la remise en cause du salariat, du capitalisme…
Finalement, proposer des alternatives éthiques et changer ses habitudes, c’est déjà proposer une autre vision du monde, que l’on pense meilleure et plus juste. Et ça, pour moi, c’est politique.
Merci d’avoir pris le temps d’un commentaire aussi développé ! Oui bien sûr je pense que c’est une des manières qu’on a d’agir, et je ne pense pas qu’il faille arrêter ses efforts, j’espère avoir assez insisté dessus dans l’article. D’ailleurs je suis parfois frustrée et agacée de voir qu’à l’inverse des personnes très politisées se fichent un peu de ce qu’elles achètent (à la fois la provenance, le suremballage ou encore la consommation de viande)… J’ai du mal à comprendre qu’on soit aussi actif politiquement et qu’on ne fasse aucun effort même minime là dessus. Là où je suis pessimiste en fait c’est quand tu dis « si suffisamment de personnes le font ça va changer des choses »… ben moi je pense que ça va changer des petites choses en fait. Assez importantes pour que ça vaille le coup quand-même (davantage de travailleurs correctement payés c’est déjà ça), mais qui risquent de ne pas changer les tendances lourdes. Justement parce que les entreprises savent très bien déplacer les problèmes, soit dans d’autres secteurs, soit dans d’autres pays, sur des aspects qu’on va moins voir etc. Et puis aussi, précisément, pour que suffisamment de gens le fassent il faudrait davantage de gens en capacité de le faire, donc moins de précarité, donc des luttes politiques… c’est circulaire en fait. Là où je te rejoins le plus quand-même c’est sur ta conclusion, et ça constitue la raison principale pour laquelle je fais ces efforts là à titre personnel, parce que ce sont autant d’éléments qui participent à véhiculer une autre vision du monde, notamment pour le végétarisme, et comme tu le dis c’est politique, c’est loin d’être anodin.
Circulaire c’est le bon mot.
Honnêtement, moi, je ne vois pas de quelle façon on pourrait avoir un gros bouleversement politique et un changement de société par cette voix la. C’est la dessus que je suis très défaitiste. Mais je ne devrais peut être pas hein !
Politiquement, pour le moment, je nous vois surtout foncer dans le mur et aller vers toujours plus de précarité, d’écarts, etc.
Donc faire ma part, c’est aussi une manière de reprendre le contrôle sur une situation que je vois comme relativement foutue (oui, bon, je ne suis pas de nature ultra optimiste donc, tu l’auras compris).
Finalement je ne suis pas optimiste non plus, mais je ne pense pas être fataliste en revanche ! C’est à dire que j’ai un avis sur la façon dont les choses peuvent changer, qui est fondé sur la façon dont se sont déroulées les luttes passées et les victoires qui ont été remportées (ça c’est l’intérêt de se pencher sur l’histoire des luttes sociales)… Après pour y arriver c’est là que ça se complique bien évidemment. Je suis convaincue qu’une partie majeure du problème réside justement dans la dépolitisation (et je ne parle pas du vote), mais cette dépolitisation est elle-même le fruit d’une politique… En gros beaucoup de choses nous poussent à nous retrancher dans nos actes individuels plutôt que d’aller vers une action collective (souvent plus ingrate et difficile), mais je pense que les plus puissants de ce monde sont plutôt arrangés par cette situation… Cela dit, évidemment, pas facile du tout de trouver l’énergie pour cette mobilisation quand tout nous pousse dans le sens inverse 🙁
C’est vrai quasi comme tu le souligne qu’avoir un discours politisé et a fortiori militer ce n’est pas facile. Si ça l’était j’en ferais d’ailleurs sûrement beaucoup plus que ce que je fais actuellement c’est à dire peu de choses au final. Donc je n’attends clairement pas que des demain toutes les blogueuses « Green » sortent des manifestes politiques hehe ! Mais par contre même si c’est difficile, je plaide vraiment pour qu’on aille tous dans ce sens. Même si on ne se sent pas toujours à l’aise, qu’on ne s’exprime pas sur tout, pour moi c’est l’horizon à suivre au moins dans sa démarche personnelle. Et plus ce sera le cas plus on pourra en discuter entre nous, se motiver mutuellement etc
Bonjour,
je te suis sur insta mais c’est la première fois que je viens sur ton blog…et je reviendrai !
Article très intéressant, qui réactive mes neurones engourdis par la grippe !
J’ai l’impression comme toi que la plupart des blogueuses livestyle/mode qui se préoccupe plus ou moins d’éthique, trouve que la politique n’a rien à faire sur leur blog. Ces blogueuses craignent peut-être de faire fuir leur lectorat par des articles moins futiles et plus sérieux ?? C’est vrai, comme tu dis, le militantisme est devenu un gros mot…
Et aussi comme elles vivent de leur partenariat avec les marques, elles sont tiraillées entre leurs convictions éthiques, qui les poussent à tenir un discours pour promouvoir une réduction/amélioration de nos consommations, et leurs intérêts financiers. J’aime bien les blogs comme « happy new green » et « mango and salt » par exemple, mais on y trouve souvent des wishlists de vêtements, à chaque changement de saison, qui certes nous conduisent à orienter nos achats vers des produits plus responsables…mais aussi qui nous font baver et qui nous donnent envie d’acheter…
Pendant les 6 derniers mois, j’ai décidé de n’acheter aucun vêtement. J’ai facilement détourné mon attention des sites de marques, des tentations des vitrines de magasins, mais j’ai continué à lire ces blogs éthique/lifestyle…et ce sont eux qui ont représenté une grosse tentation de trahir ma démarche de non consommation !!
Finalement ces blogs acceptent implicitement que de toute façon, nous vivons dans un monde capitaliste, que nous consommons, que c’est normal de se faire plaisir par l’acte d’achat, que tout cela n’est pas si mal…On pourrait joyeusement continuer à surconsommer dès lors que c’est éthique, on resterait dans la logique du slogan fameux « parce que je le vaux bien »…Le blog de Coline ( et pourquoi pas Coline) est vraiment un exemple de cette façon d’accepter la société de consommation. Elle veut promouvoir la cup, le cruelty free, le véganisme, tout en étant une vitrine au service des marques. A des commentaires critiques l’interpellant sur cette contradiction, elle a répondu qu’elle n’était pas parfaite et que personne ne l’est, qu’elle avait des contradictions comme tout le monde, qu’elle choisissait soigneusement les marques avec lesquelles elle travaillait, mais aussi qu’elle ne voyait pas le mal qu’il y avait à consommer, que cela faisait tourner l’économie, etc…
Ou alors on peut peut-être être plus optimiste et espérer que ces paradoxes sont des signes annonciateurs de changements plus profonds ? Est-ce parce que nous sommes en transition, avec un pied dans la société de consommation finissante, et un autre tourné vers d’autres aspirations que beaucoup de gens/blogueurs/blogueuses sont dans le flou, le cul entre deux chaises ?
Merci pour ton témoignage, je te rejoins comlplètement, et effectivement le blog EPP illustre assez bien ça…même s’il faut reconnaître qu’il y a eu des améliorations avec par exemple des articles qui prennent en compte le prix élevé des produits éthiques, ça reste très très axé conso et la lecture politique est assez pauvre. Après ben ouais tout le monde n’est pas politisé, on peut se dire qu’on ne peut pas demander à tout le monde de l’être… Mais je pense qu’en fait ça irait mieux si tout le monde l’était un peu plus justement ! D’autant plus lorsqu’on a une grosse audience… Je suis d’accord par ailleurs avec le fait qu’on a tous des contradictions, moi aussi j’ai des « wishlist » et j’ai reçu plein de trucs à Noël d’ailleurs, et les processus de changements sont long.
Quelle intéressante réflexion. Elle me fait penser à tous ces combats que nous menons sans aller au fond des choses. Elle me fait penser à la culpabilisation incessante dans notre société. L’enjeu est avant tout éducatif et politique. Prôner une seule solution n’est justement pas la solution. Prendre en compte nos limites pour aller plus loin est une nécessité. Et tu soulignes d’une manière très juste ces limites. Consommer différemment est une urgence. Dans l’urgence nous voulons répondre par la précipitation, la réflexion est cependant si nécessaire. Réfléchir et agir. Beaucoup disent que le bio, la consommation responsable, tout ça, n’est qu’une « mode ». Car tout est perçu comme éphémère dans notre société de consommation, même ce qui s’y oppose. Il faut valoriser une dimension durable… Et réfléchir avant tout aux motivations de chacun à changer nos habitudes de consommation ainsi qu’aux limites qui nous y empêcheraient. Tout n’est pas question de volonté, il y a un aspect psychologique si fort dans tout ça. Je ne sais pas trop si mon commentaire est cohérent vis-à-vis de ce que tu dis dans ton article… En tout cas, je me suis aussi posée beaucoup de question sur le boycott, surtout depuis que j’ai écouté l’épisode bonus de La Poudre « Fashion Révolution » à propos du Rana Plaza. Tout ça me paraît si complexe, mais je crois que tu poses les bonnes questions.
Merci pour ta réponse… Comme toi je pense qu’essayer de poser les bonnes questions est le premier effort à faire
Merci pour cette réflexion très constructive !
Je crois profondément que la solution n’est pas dans la consommation éthique mais dans le changement de comportements (et il est bien difficile), de modes de vie…
C’est un long chemin pavé d’obstacles mais en prendre conscience est un premier pas, le tout étant de garder son jugement « éveillé » !
Je te remercie pour tes commentaires, je suis vraiment heureuse que cela crée des échanges constructifs ! Au plaisir d’échanger 🙂
Je trouve ton article passionnant et criant de vérité.
Je te remercie pour ton retour ! <3
Merci pour ce très bon article, et merci aux autres commentatrices (à moins qu’il n’y ait des commentateurs aussi), c’est un débat très intéressant.
Pour l’alimentaire, je maîtrise à peu près. Pour les vêtements par contre … j’essaie de limiter la fast fashion mais je n’ai pas l’argent et le courage d’investir dans de l’achat éthique (et si ça s’abîme vite quand même ? et si ça ne me correspond pas, sachant que c’est très difficile de revendre sans trop perdre ?). Après des années de friperies parce que petit budget, il y a aussi un côté confortable à pouvoir me rendre dans un magasin classique.
J’ai bien conscience que comme les autres, je peux tomber dans des raisonnements comme tu évoques. Le « je le vaux bien / je le mérite ». Si on travaille à un rythme un peu prenant avec un minimum de salaire en face, le plaisir mérité devient vite un achat …
Si tu as des livres sur la morale, ou la consommation, je prends ! Comme toi, les raccourcis un peu faciles et un peu tièdes d’une partie des blogs me laissent sur ma faim.
Sur un sujet connexe, la blogueuse Armalite de Leroseetlenoir parlait d’être utile dans la société. Avant même d’y arriver, ce serait déjà super de ne pas être nuisible.
Mais mais mais je ne t’avais pas répondu ? Quelle honte ! Oui je comprends entièrement ce que tu dis, et il n’y a pas de raison de s’autoflageller parce qu’on est entré une fois ou deux dans un magasin pour acheter un truc neuf. Tiens là par exemple je cherche un mixeur, près de chez moi les trucs d’occasion sont très bof niveau qualité, je vais peut être en acheter un neuf pas spécialement éthique, bon ben… est-ce si grave ? Je ne crois pas. C’est aussi le sens de mon article, si on a en tête les limites de l’action individuelle, on est plus indulgent avec soi même et les autres. Concernant les bouquins, ça dépend sur quels sujets en fait. Sur la consommation, je crois qu’il y a pas mal de choses en sociologie de la consommation, mais plus ou moins agréables à lire selon les cas. Ensuite il y a des livres accessibles qui sans être des manifestes politiques donnent des exemples d’initiatives collectives, comme Un million de révolutions tranquilles de Bénédicte Manier
Merci pour ton article! Je ressens le même malaise à la lecture de ces blogs, et j’en apprécie d’autant plus ceux qui ne sont pas dans cette démarche de « consommer pour être éthique »: par exemple, Echos Verts et Végébon pour n’en citer que deux.
Sur un questionnement finalement assez similaire, je te conseille la lecture du livre « La bio, entre business et projet de société » (je ne me rappelle plus de l’auteur/trice :/ ) vraiment accessible et intéressant. (En gros, manger bio pour sa santé, autant manger bio de supermarché, et manger bio pour changer le monde, nécessite d’investir temps/connaissances/et un peu plus d’argent. Mais je digresse!)
Vraiment, j’apprécie beaucoup ton blog et tes questionnements pragmatiques!
J’apprécie beaucoup ce typde de digression, continue surtout 😀 ! Je te remercie pour ton commentaire, je connais les blogs dont tu parles et je les aime vraiment bien, j’échange souvent avec Natasha d’Echos Verts d’ailleurs ! Merci aussi pour le conseil de lecture
Un article très intéressant ! J’essaie moi-même de changer mon mode de consommation, étant une acheteuse très compulsive (j’en ai fait un article récemment d’ailleurs) mais il est vrai que ce n’est pas évident ! En tous cas merci pour ce bel article, passe une belle journée ! 🙂
Merci à toi d’être passée, à bientôt !
Superbe article, j’aime beaucoup ta façon d’écrire et ton point de vue.
C’est vrai que l’on peut vite se retrouver absorbé par la consommation éthique et penser que cela changera le monde. Cependant, il s’agit toujours de consommation…
Je partage ton avis avec les blogs défendant les démarches éthiques et anti-consommation, mais qui mettent en avant tout un tas de produits pour pousser à la consommation. C’est un non sens.
H&M et sa ligne soi disant éthique, quel débat ! J’en ai parlé dans un de mes articles sur la mode éthique, car je déteste tellement ces méthodes de greenwashing. Tant de marques font cela maintenant, c’est désolant :/
Merci pour cette belle réflexion ! Je vais continuer à lire tes articles 🙂
Je te remercie d’avoir pris le temps de me répondre, ce type d’article ne serait rien sans toutes les personnes qui alimentent l’échange 🙂
Je découvre ton blog et je dois dire que je suis agréablement surprise. Pour deux raisons:
– Un article mûrement réfléchi, savemment rédigé avec du sens, une question à laquelle il faut répondre, qui ne cherche pas à attirer des foules mais qui pousse à la réflexion et au bon sens de chacun
– un article d’un blog « éthique » (je découvre ton blog donc je n’ai pas une parfaite connaissance de celui-ci et des thématiques qu’il traite) qui ne pointe pas du doigt les vilains consommateurs de marques grand public, qui ne fait pas se sentir coupable en somme.
Pour en venir à l’article en lui-même, je dois t’avouer que la question m’a énormément traversé l’esprit ces derniers temps. Au point où à chaque fois que je voyais un article tagué « écolo/éthique » je détournais le regard. Pas que je ne me sente pas concernée par ces questions.
Mais parce que, comme toi, je trouve l’article assez simpliste voire complètement plat. j’irai un peu plus loin en parlant d’hypocrisie de certains auteurs (un double discours …peut être involontaire mais tout de même…).
Sans parler de l’effet de mode. Oui le « minimalisme », « la slow-cosmétique », « les marques éthiques » apportent du monde et tout le monde veut sa part du gâteau.
Pour te raconter un peu ma prise de conscience, elle ne s’est pas faite à base de lecture de bouquins et de blogs green; mais elle s’est faite grâce (j’emploie le terme « grâce » et non « à cause de » car au final c’est une très bonne chose) à des difficultés financières. J’ai repensé mon alimentation et ma consommation quand me déplacer et m’acheter de la viande devenaient un luxe. Aujourd’hui je ne consomme plus vraiment beaucoup parce que c’est devenu une habitude.
Mais je me suis interrogée « que se passerait-il si tout le monde consommait moins ». Et quand j’essaie de trouver une réponse, elle est très effrayante. Non seulement d’un point de vue économique mais aussi d’un point de vue social.
C’est à cette conclusion que j’arrive, et peut être que je me trompe.
Ce qui amène à la question même de cet article « que faut-il faire? ». Je crains ne pas avoir de « vraies » réponses à cette question. D’un côté je pense que la solution ne se trouve pas dans le fait de consommer moins ou de consommer mieux et encore moins dans le militantisme/la politique (puisque les politiques sont financés par le mécénat …).
Je crois que cette question demande encore plus de réflexion. Merci d’avoir ouvert la porte de la réflexion en ouvrant ce débat.
Cela me touche énormément que tu prennes le temps d’un commentaire aussi long, je commence donc par te remercier sincèrement ! Je ne suis pas économiste de formation, je ne suis pas capable de prédire ce qui se passerait si tout le monde consommait moins… En revanche si on regarde le nombre de choses qui sont jetées, je pense qu’on a quand-même de la marge avant que cela représente un vrai problème. On a largement moyen de produire moins et surtout autrement. Maintenant, pour la question de savoir comment y parvenir… Comme tu dis la question est délicate. Mais je tiens à souligner que lorsque je parle de militer et de s’engager politiquement, je ne parle pas forcément de partis et encore moins de partis qui ont pour objectif d’arriver à la présidence ! Heureusement il y a d’autres approches politiques, à nous de les découvrir, de se questionner dessus, et peut être de sauter le pas si on se reconnait dedans 🙂 à bientôt !
Quel article pertinent. Et dense ! Il y a plein d’idées intéressantes ici !
Effectivement, je te retrouve totalement concernant certains blogs éthiques qui sont de vraies pages de publicités. Je suppose que ces blogueuses se retrouvent prisent entre l’envie d’une société plus éthique et le besoin de payer leurs factures ^^.
En ce qui concerne le coût élevé des produits éthiques, je suis entièrement d’accord avec toi : la qualité et l’éthique devraient être accessibles à tous. Que ce soit pour les vêtements, les cosmétiques, l’alimentation, la santé, etc. Mais comme tu le mentionnes, les coûts de production des petites séries sont plus élevés et font grimper les prix de ces produits. Cependant, à mon avis, ce qui pèse le plus sur le prix des produits locaux ce sont les charges très élevées (charges salariales, taxes locales, impôts, etc.) qui incombent aux entrepreneurs (et indirectement aux consommateurs) en France.
Ce qui nous amène à la politique et aux actions citoyennes… Que peut-on attendre d’un gouvernement qui favorise ouvertement les grandes entreprises pendant qu’il prêche l’austérité à son peuple ? Ne sont-ce pas ces personnes / ce système qu’il faut commencer à boycotter ? Ton article sur l’anarchie me laisse penser que tu as déjà un avis sur la question 😉
Personnellement, c’est un sujet que je n’aborde pas ouvertement sur mon blog. J’aime croire que l’épanouissement individuel est aussi un bon moyen d’atteindre l’épanouissement sociétal et collectif.
En tout cas je suis très contente de découvrir ton blog. Et je continuerai à te lire avec plaisir.
Hello ! Merci pour ton commentaire que j’apprécie beaucoup. Effectivement je ne sous estime pas le fait que quand on commence à vivre de son blog ça devient la même contrainte que n »importe quel boulot, il y a des compromis à trouver… Je te rejoins évidemment sur la différence de traitement réservé aux tout petits entrepreneurs par rapport aux grands groupes. Quand on voit que des artisans parfois ne se paient pas pendant des mois pour pouvoir payer leur seul employé, c’est dramatique. Comme tu le dis, j’ai déjà forgé un avis sur la question et j’assume complètement d’essayer d’intéresser mes lecteurs (et lectrices principalement) à ces enjeux politiques, même si les conclusions tirées ne sont pas forcément identiques aux miennes ! Je pense aussi qu’il n’y a pas de contradiction entre épanouissement individuel et social, par contre mon inquiétude c’est que la focalisation sur l’individu se fasse au détriment de luttes collectives… des luttes qui en fait sont parfois ingrates, difficiles, éprouvantes, qui ne sont pas de l’ordre du développement personnel, mais qu’il faut mener quand même. J’espère qu’on aura encore l’occasion d’échanger en tout cas ! Merci encore
Je fais court et décousu car pas trop le temps de développer : Je me retrouve aussi totalement dans ce que tu dis. Ces chaînes Youtube/blogs qui prônent une consommation plus naturelle ou éthique et qui font, en définitive, du placement de produits. Ok, pour certain.e.s, c’est leur gagne-pain et on y découvre parfois de bons conseils mais je me demande où finissent tous ces produits. J’aimais bien « les cheveux de Mini » à un moment mais le nombre de shampoings qu’elle testait était un peu effrayant.
Je crois qu’on peut changer nos habitudes par petites touches sans tomber systématiquement dans des achats chers et le dire autour de soi, toujours en rappelant qu’on ne fait pas la morale. J’ai vu plusieurs fois des proches se sentir agressés par des idées Zéro déchet. Ah ah.
Sur le long terme, la répétition de ces informations, c’est quand même efficace sur certains voire ça les influence 🙂 ! Mais c’est vrai que ce n’est facile pour personne de rester sur des achats vertueux (circuits courts, bio, éthique, français, sans trop d’emballages), notamment dans l’urgence. Combien de fois ai-je dû courir à Carrouf, le soir, car il me manquait ceci ou cela.
Quant à la modification de nos habitudes de consommation, certes, ce n’est pas une minorité qui changera tout un pays, mais je pense qu’il faut juste se contenter de faire sa part, d’informer les autres l’air de rien, de ramener le sujet sur le tapis sans se préoccuper du résultat. Parfois la mayonnaise prend, parfois pas. Tant pis.
Quand tu parles de militantisme, je déplore personnellement qu’on puisse si peu parler de politique avec ses connaissances, amis ou collègues, dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux. Je comprends bien que qu’ils aient de bonnes raisons (on ne veut pas se disputer, on ne veut faire connaître ses opinions au travail, on veut juste se détendre). Maiis, quand on est tous exaspérés par nos politiciens, il y a un moment où il faut faire autrement, reprendre les choses en main (même si je ne prétends pas détenir de recette moi non plus). De mon expérience, relayer sur facebook, des informations à caractère féministes/politiques/écologiques ne rencontre pas grand succès. Mais là encore, tant pis. Peut-être sont-ils plus nombreux à les lire, mine de rien. Peut-être que le défilement de ces informations dans leur fil d’actualité attise la curiosité de certains, inconsciemment.
Je suivais aussi Les cheveux de Mini mais j’avais arrêté comme pas mal d’autres personnes suite à un épisode où elle avait exprimé des positions anti-avortement qui nous avaient pas mal refroidi… Comme tu dis, on peut essayer d’en parler autour de soi, lancer des perches, montrer tout simplement qu’on le vit bien et que ce n’est pas si compliqué. Et ensuite les gens saisissent ou pas ces perches, mais ce n’est pas en leur collant sur la figure qu’ils les saisiront mieux 😀 (oh je tiens une métaphore je crois aha). C’est un peu la même chose quand on parle de politique ou d’autre sujets et qu’on les poste sur les réseaux sociaux : il ne faut pas s’attendre à ce que ce soit très efficace sous peine d’une grosse déception, mais en même temps j’ai déjà eu des retours en privé de certains de mes contacts qui me confiaient avoir beaucoup réfléchi suite à certains partages, et qui me précisaient qu’ils lisaient même s’ils ne réagissaient pas toujours. Donc comme tu le dis, ne pas penser non plus que c’est inutile ! Plus on est nombreux à le faire dans un réseau de contacts, plus c’est visible… Un autre aspect du problème résidant cependant dans le fait qu’on a vite tendance à interagir surtout avec des personnes qui partagent des centres d’intérêts proches et à former des « bulles » assez peu poreuses aux autres, sur les réseaux sociaux comme dans la vie de tous les jours. Ce n’est pas toujours facile de porter ce message, qu’effectivement on a besoin de reprendre les choses en main… je suis profondément convaincue que c’est indispensable mais après chacun le fait à sa façon et à son rythme, c’est sûr. Merci à toi pour ce commentaire plutôt riche pour un commentaire qui n’avait pas le temps d’être développé 😀
J’ai beaucoup aimé ton article. Je le trouve très complet et à l’intérêt d’apporter un regard différent sur la question.
Je ne pense pas effectivement que la solution soit d’acheter tel ou tel produit plus ou moins green pour pouvoir sauver la planète. Consommer pour consommer … même si c’est éthique, l’impact reste assez limité.
Ce qui reste cependant intéressant est en mon sens de privilégier :
dans un premier temps l’économie circulaire (troc, échange) ect,
acheter d’occasion ce que nous ne pouvons pas trouver par ce procédé,
ou trouver des alternatives gratuites à nos besoins (s’inscrire à la bibliothèque plutôt que d’acheter des livres à la fnac), et seulement si les alternatives précitées ne sont pas possibles, privilégier les produits, certes neufs, mais produits localement, faits pour durer et étant si possible « éthique » (pour l’alimentaire, « la ruche qui dit oui » ou les enseignes telles que « day by day » pour le vrac, reste dans tous les cas de meilleures options que les hypermarchés…).
Je reste persuadée d’une certaine façon que nous pouvons « voter » avec notre portefeuille, et impacter par nos modes de consommation, certains réseaux de distributions et enseignes.
De plus en plus d’alternatives s’ouvrent à nous, nous permettant de répondre à nos besoins en limitant au maximum notre impact environnemental et en privilégiant nos entreprises locales.
Merci pour ton commentaire ! En fait, quelque chose que je n’ai pas abordé, finalement, c’est l’expression elle même que j’ai pourtant mis dans le titre : « voter avec son portefeuille »… en réalité aujourd’hui même nos votes n’ont qu’un impact limité (ça a peut être toujours été le cas ceci dit, c’est même probable), on vote au mieux pour le moins pire… Mais ça ne veut pas dire non plus que ça ne fait aucune différence. Alors c’est vrai que finalement ce parallèle peut fonctionner : on vote avec son portefeuille, ça ne change pas le monde à court terme, mais c’est déjà ça… Je dirais même que pour le coup, c’est possiblement un peu plus efficace que le vote de mon point de vue ^^ ! Ensuite, fondamentalement, tout dépend des objectifs poursuivis. S’il s’agit de réduire notre impact environnemental personnel par exemple, c’est sûr, ce sont de bonnes pistes. Collectivement, ça peut réduire une partie de notre impact à l’échelle d’une population, aussi. Mais un problème se pose toujours : tant qu’il y aura des gens qui seront dans des situations précaires, avec peu d’argent, peu de temps, pas accès à toutes les options… ces personnes choisiront la plupart du temps la facilité et le meilleur rapport temps/prix : le supermarché, Kiabi, etc. Et humainement je le comprends. Du coup, s’attaquer aux problématiques sociales me semble indispensable aussi, et là les questions politiques resurgissent… Cela étant, j’espère avoir bien insisté sur le fait que je soutiens dans tous les cas ces alternatives et j’essaie moi même de les utiliser au maximum 🙂
Wahou. ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un article aussi passionnant (et passionné !). Je vais faire vite, malheureusement (j’peux pas rester trop longtemps, j’ai radio du pied dans moins de 30 minutes m’dame 😛 ) et aussi concis que je le peux. Je suis 1000 fois d’accord avec toi concernant tes constatations sur la blogo « healthy-ecolo-lifestyle », personnellement, je me fais très VITE chier. Je trouve les articles superficiels, marketés au possible et j’ai l’impression de faire face à une « mode » de plus. Encore un besoin de reconnaissance de beaucoup de gens, ça peut se comprendre – mais en tout cas, je ne blogue personnellement pas pour ça, je veux partager mes découvertes, militer pour un monde plus respectueux et plus juste, faire prendre conscience aux gens que quand on veut changer, même si c’est doucement, on en a la possibilité. Je ne vais pas me citer en exemple car je suis loin d’en être un, mais quand je rédige un article, j’y mets toutes mes tripes, j’essaye de faire le tour du sujet, d’explorer un maximum de facettes, autant que faire se peut. Certain.e.s trouvent que je fais trop long, mais je m’en fous, je ne peux pas faire autrement, parce que traiter un sujet à moitié, c’est comme de ne pas le traiter du tout. Je suis contente d’être à face à quelqu’un qui partage ce point de vue.
Le côté économique de cette tendance écolo est extrêmement bien traité (juste bravo, j’applaudis des deux mains) et c’est sûr: tout le monde ne peut pas se permettre de passer à des alternatives responsables (qui parfois…n’en sont pas vraiment !), mais aussi beaucoup plus chères. Mais dans beaucoup de ces autres possibilités soit disant plus écologiques et équitables, je vois « achat » et je crois qu’il n’est pas toujours nécessaire d’acheter pour faire mieux. C’est une logique capitaliste de plus à laquelle il faut faire grandement attention, car comme tu dis, on se fait vite prendre au piège. J’essaye, dans chacun de mes articles, de me mettre systématiquement à la place de quelqu’un qui n’a pas les moyens et de proposer une solution dans ce cas précis, parce qu’il n’y a décidément pas de raison.
S’engager du côté de la planète et des comportements durables et responsables n’est pas facile, on fait des erreurs, on apprend, on tâtonne un peu mais je crois qu’on avance. Et je pense que l’on doit retenir ces petits pas comme le début de quelque chose d’important.
Court, j’avais dit ?
Bref, je file à ma radio, merci beaucoup pour ce papier. Belle journée !
J’aime les commentaires longs moi héhé ! Le format des articles est une vraie question en effet, je crois que je vais de plus en plus assumer de faire long aussi au lieu de m’arracher les cheveux aha 😀 En tout cas je te remercie énormément pour le commentaire, les compliments et le reste….à bientôt 🙂
Bon ben je crois qu’internet a mangé le long commentaire écrit l’autre soir depuis mon hôtel, et là je n’ai plus le courage de tout réécrire! Mais je voulais quand même apporter mes two-cents.
Ton article, et en particulier le voter avec son portefeuille, m’a fait beaucoup réfléchir ces dernières semaines. En effet c’est une façon de mettre l’argent au centre du débat, c’est celui qui donne le pouvoir aux personnes – et ceux qui n’en ont pas, eh bien n’ont pas droit de discuter. Je n’avais jamais fait attention mais c’est un discours assez violent et manipulateur (« viens acheter chez moi tu fais une bonne action et tu te sentiras bien avec ta conscience »). Je sais que ça coule de source mais enfin, je voulais te remercier 🙂
Après, au sujet de la « mode éthique » sur les blogs. Moi, ça me saoule. Ce que je lis parfois, en apercevant un titre accrocheur, est souvent plat et suit les mêmes codes que la consommation de masse. En grande fan de DIY, je voudrais lire des blogs qui travaillent sur deux points en particulier:
– le fait que nous avons abandonné notre capacité à connaitre les vêtements et ainsi à en évaluer la qualité.
– le fait que nous avons abandonné notre capacité à prendre soin de et à réparer les vêtements.
Je voudrais comprendre comment reconnaitre une chaussure de qualité. Les seuls sites qui expliquent bien tout cela sont ceux des souliers masculins.
C’est ma démarche, elle n’est pas militante mais veut revenir à la base: mes grands-mères savaient reconnaitre une belle pièce, comment était cousu le coton, que regarder avant d’investir dans une paire de chaussure. Evidemment elles ne remplissaient pas à chaque saison des sacs poubelles pleins de fringues fatiguées après trois lavages. On n’avait pas encore abandonné aux marques notre capacité à chercher, choisir, comparer. On apprenait à remettre à la mode un beau manteau de laine un peu daté grâce aux couturières.
J’ai la chance d’avoir une belle-mère couturière passionnée qui aime trouver des tissus et refaire les patrons de mes vêtements préférés. Mais il en existe beaucoup d’autres et elles adorent avoir de nouveaux projets sur lesquels bosser, pourquoi ne pas aller les trouver comme alternative à l’achat? Je trouve qu’on n’en parle pas assez de toutes ces petites mains 🙂
Bref, je divague et je dois y aller. A bientot Irène
Merci beaucoup pour tes gentils mots et pour la réflexion que tu apportes ! Il est clair que la première démarche « éthique » est déjà de faire durer les choses que l’on a… et donc de choisir des produits susceptibles de durer. Comme tu dis, il est bien possible que cela se perde…
Je découvre ton blog grâce à l’article de Natasha de EchosVerts. Quel plaisir de lire ton article, je partage tout à fait ton point de vue. Je tiens justement un blog « éthique » que je qualifie plus de « slow » d’ailleurs et j’ai beaucoup traité du sujet de la slow consommation. Ma philosophie repose sur le principe que l’on a plein de choses dans ses placards et que l’on peut les détourner de leur fonction première ou les transformer pour réaliser de nouvelles choses. Je traite beaucoup du sujet des vêtements car un sujet qui me touche profondément, l’effondrement du Rana Plaza a été une réelle prise de conscience des ravages de la mode jetable autant sur les ouvriers du textile que sur l’environnement ou sur les consommateurs. J’ai réalisé beaucoup d’articles DIY où j’explique comment transformer ses vieux vêtements en autres vêtements où accessoires de mode. J’ai ma petite communauté qui me suis mais le fait que je ne présente que très rarement de produits et quand c’est le cas c’est que c’est une commerçante ou une créatrice pour qui j’ai un réel coup de cœur fait que mon blog n’est pas bankable, je ne vois pas comment je pourrais le monétiser un jour pour vivre de mes convictions. Et voilà on en revient toujours à la question de l’argent et c’est là tout le nœud du problème. Je me suis beaucoup questionné sur le sujet pour savoir si je devais prendre ce chemin j’ai essayé de me convaincre en me disant que c’était plutôt une démarche honorable de mettre en avant les marques/entreprises qui œuvraient pour des modes de production plus écologique, des conditions meilleures de travail. Mais comment être certaine que tout cela ne repose pas sur du greenwashing?
Merci à toi pour ton gentil commentaire ! Je vais aller voir ton blog 🙂 Je pense que ce n’est pas forcément un problème de parler de petits créateurs si on aime ce qu’ils font et qu’on considère que c’est de la qualité, ce qui m’inquiète c’est davantage le fait de considérer que c’est la solution par excellence…
Merci pour ton retour 🙂 C’est très intéressant de pouvoir échanger sur ce sujet qui me pose question. Dans l’idéal, ce que j’aimerais pouvoir faire c’est aller rencontrer, les créateurs et les entreprises sur le lieu de production pour voir comment ils travaillent réellement, quelles sont les matières premières utilisées, d’où proviennent-elles, quelles sont les conditions de travail, …. Puisque de toute façon les gens consomment alors autant qu’ils sachent ce qu’ils consomment pour orienter leur choix en toute connaissance de cause. Je prône la slow consommation mais pas non plus la décroissance car dans notre modèle économique actuel trop d’emploi viendraient à disparaître.
La décroissance est vraiment une question très spécifique, pas évidente à appréhender je trouve. Dans tous les cas il me semble qu’elle est forcément liée à une revendication d’un changement radical de modèle économique, sans quoi elle n’est de toute façon pas envisageable. Tout dépend effectivement de la démarche, est-ce qu’on veut conseiller des petites choses faisables ici et maintenant pour améliorer un peu les choses, ou est-ce qu’on propose une vision politique et économique à long terme dans laquelle on s’engage pleinement (les deux n’étant pas forcément contradictoires, mais ne se placent pas à la même échelle)
Je ne suis pas des plus investis quant à la consommation durable et responsable, mais j’ai également un entr’aperçu de l’engagement militant.
Loin de s’essoufler à force de contradictions, le capitalisme de marché semble au contraire se nourrir de ses propres antagonismes, pourvu qu’ils gonflent son escarcelle. Le T-shirt Che Guevara made in Taïwan est assez emblématique. Beaucoup des branches engagées contre notre système économique, même les plus radicales, ne s’extraient finalement pas du domaine marchand. Je suis raccord.
Il existe comme une loi occultée qui englobe chacune de nos actions, chacune de nos pensées, dans la cangue d’un capitalisme apparemment irréversible. Et si le capitalisme intégral était la fin de l’histoire ? Le progressisme caractérise le camp de ceux qui militent en faveur du libéralisme économique, tandis que ses détracteurs restent minés par un pessimisme criard. Ils croient également à cette idée téléologique, mais ne la désirent pas. L’ultra-libéral pense que le capitalisme remédiera à tous les maux, même ceux dont il est à l’origine, tandis que l’altermondialiste ne voit l’avenir que comme un amoncellement de catastrophes. Je crois que les opposants se sentent enserrés, et qu’ils agissent davantage à l’ombre d’un pessimisme actif, qu’à la lumière d’un espoir radieux.
C’est parmi les socio-démocrates que se sont réfugiés beaucoup de ceux qui ont gardé une foi inébranlable en l’avenir, et accordent donc du crédit au capitalisme de marché, mais qui pour autant défendent que tous les combats sociaux ne sont pas encore achevés, et qu’ils ne pourront l’être sans l’intervention contingente du corps social. Ce sont les caractéristiques de la gauche culturelle, qui ne portent plus le combat sur la lutte des classes, mais sur des questions culturelles : véganisme, féminisme, écologisme,… Les libéraux et les libertaires – parmi lesquels beaucoup d’altermondialistes – se sont alliés. Le parcours de Daniel Cohn-Bendit l’illustre assez expressément.
Outre la gauche culturelle, héritière de la gauche maoïsante de 68, il y a toujours cette gauche d’inspiration marxiste, qui réduit tout au seul matérialisme. Elle n’a jamais couvé un projet émancipateur, parce qu’elle ne s’est jamais émancipée des catégories capitalistes.
L’opposition au système capitaliste semble éculée à l’agitation criarde…
J’oubliais : article particulièrement plaisant, et bien écrit !
Merci pour ton commentaire et le compliment de fin 🙂 Oui je te rejoins sur le souci de l’abandon de la lutte de classe au profit de questions culturelles, bien sûr… Après en réaction à ça il y a parfois un rejet total de toutes ces luttes de la part d’anarchistes ou de communistes, sous prétexte que ce serait seulement des luttes culturelles, et là je ne suis pas d’accord en revanche. On a besoin d’une matrice politique anticapitaliste qui intègre ces luttes (c’est plus délicat pour le véganisme actuellement, mais pour la protection de l’environnement ou le féminisme c’est une urgence). Bon heureusement j’ai l’impression que ça avance sur ce point 🙂
Je réagis 10 ans après ton commentaire sur mon article, je voulais prendre le temps de te lire et ne pas le faire en diagonale (puis te découvrir par la même occasion, chose que je ne regrette pas !)
Alors ! Pour commencer bravo pour la réflexion, l’écriture, la démonstration (si ça c’est un article écrit d’un jet je suis d’autant plus impressionnée !) Tu anticipes la plupart des arguments / contre-arguments concernant la consommation éthique; donc je ne reviendrais pas là-dessus.
Sur le fond et la philosophie, je ne peux être que d’accord avec toi. C’est un peu facile de se contenter de dire « je suis éthique car j’achète ci ou ça ».
Oui, il faut des actions qui sortent de l’achat pur et simple, et qui demandent un plus grand engagement. Cela doit-il être politisé pour autant ? Je ne suis pas sure.
Maintenant la question qui me brûle les lèvres et pour laquelle je reste un peu sur ma faim, c’est : ok, mais quelles actions ? Tu parles de militantisme, mais qu’est ce que tu entends pas là ? Pour beaucoup cela reviendrait à rejoindre un parti existant, et si ce n’est pas le cas; que puis-je faire concrètement ?
A chaud, je dirai en vrac que cela pourrait aller d’actions de trocs à la création de groupes de lobbys indépendants … mais as-tu des choses particulières en tête ? comment les organiser ? les orchestrer ? Je pense que pour beaucoup cette question se pose, et quand on doit passer de la théorie à la pratique, c’est là que le bas blesse.
Et donc cela amène 2 bémols que je vois par rapport à ta réflexion.
Le premier, et je crois que tu l’anticipes un peu; c’est que pour beaucoup, le simple fait de changer ses habitudes consommation est déjà énorme en soi. Beaucoup (trop) ne l’envisagent même pas … et donc forcément, si tu parles d’actions militantes à ces gens là, je suis à peu près sure que tu vas les perdre complétement ! C’était d’ailleurs un peu l’esprit de mon article, inciter les plus réticents à ne pas se dire « foutu pour foutu » et les encourager à modifier quelques petites habitudes en se disant que c’est toujours ça de pris (mais je suis d’accord que c’était loin d’être original dans la flopée des blogs :-P).
Mon deuxième bémol, et là tout dépend de ce que tu as en tête quand tu parles de militantisme; c’est que je crois que malheureusement; ce ne sont pas les politiques qui nous gouvernent, mais bien les multinationales. Nous vivons dans une société ultra-libérale, ultra capitaliste; et qu’on le veuille ou non, c’est bien l’argent qui nous gouverne. La nature humaine étant ce qu’elle est; mon avis est que quelque soit le modèle -politique, anarchique, peu importe – il y en aura toujours quelques uns pour désirer et trouver un moyen pour prendre le pouvoir, gagner plus, être plus riche, plus grand, plus important que le voisin. Et finalement, comment tout cela se traduit ? par la taille du porte-monnaie ! Alors évidemment, j’aimerai -comme beaucoup- que cela change. Mais je crains que même les luttes les plus acharnées ne changent cette donne. Ou du moins, je crois que c’est justement en commençant par utiliser la bribe de ce « pouvoir » que nous avons en notre possession que nous pourrons, petit à petit, essayer de faire évoluer les mentalités. Les modes de production, les styles de management, faire des entreprises plus responsables – qui respectent l’environnement, l’humain … – … Ce qui serait déjà pas mal, non ?
Alors évidemment, même si je pense être lucide; c’est peut être aussi un manque d’ambition 😉 !
En tout cas, c’est un vrai plaisir de te lire et surtout bravo pour cette réflexion – qui m’a du coup obligé à creuser la mienne ! -; j’ai rarement l’occasion de lire des avis aussi bien étayés et construit !! (autant te dire que je me sens très légère à côté ;-))
Au plaisir de te lire de nouveau 🙂
Merci beaucoup ! Il n’a pas été écrit en un jet, mais plus rapidement que la plupart des articles du blog, c’est un entre-Deux !
Tu as tout à fait raison sur le manque de précision, je voulais justement éviter d’être trop prescriptive, le but de l’article était davantage de semer des débuts de réflexion et de laisser les lecteurs.trices les creuser de manière assez autonome. Le mot politique est lui même assez large, même s’il ressort de mes propos que j’entends par là un engagement anticapitaliste. Il faudra peut être que je fasse une sorte de suite pour préciser un peu ça (ça me donnerait l’occasion de partager des ressources que j’ai mis de côté depuis et de synthétiser les différents degrés d’action possible pour aller plus loin).
En tout cas en l’état, je pense qu’il y a une gradation dans ce qu’on peut faire : rejoindre et/ou soutenir une asso qui met la pression sur les marques (comme Éthique sur l’étiquette) et soutient les luttes des travailleurs à l’étranger est déjà une forme de politisation, vu qu’on sort de la logique purement individuelle. Il y a plusieurs assos qui se bougent pas mal là dessus et organisent différents types d’actions que je trouve pas mal. Pour moi ça donne justement tout son sens aux choix de conso, si la majorité des consommateurs éthiques adhérent ou donnent un peu de temps, ça donnerait bien plus de pouvoir à ces assos.
Ensuite on peut effectivement rejoindre une organisation politique, mais je n’ai pas voulu le marteler, d’une part parce que je pense qu’on peut agir politiquement hors des partis, et ensuite parce que comme tu dis ça fait vite peur, plus que les assos. Pourtant il y a des organisations politiques qui ne sont pas des partis au sens électoraliste du terme, et qui ont un engagement anticapitaliste, antisexiste, etc. Le souci principal c’est que ces collectifs font la plupart du temps trop peu d’efforts pour inclure des personnes qui n’ont pas tous les codes politiques et peuvent donc vite se sentir perdues par la teneur des échanges. Mais ça reste possible de pointer son nez à des réunions ouvertes pour prendre la température.
Perso je ne crois pas qu’il y ait une nature humaine, ou plus exactement je crois qu’on a plein de potentialités différentes en nous, différentes pistes qu’on suit ou pas. C’est clair qu’il y aura toujours des gens pour essayer de grignoter un peu de pouvoir et qui auront des velléités de domination… Mais militer pour un autre système ça ne veut pas dire qu’on pense que ça peut disparaître. Ça veut juste dire militer pour une organisation économique et sociale qui permette de gérer ça au mieux, et de faire en sorte que ça nuise le moins possible à l’ensemble (alors qu’actuellement, c’est plutôt la norme…). En fait, même si on pense que ce changement est trop lointain, pas réaliste etc, en réalité se battre quand-même contre le capitalisme aujourd’hui, ça veut aussi dire établir un rapport de force qui permet déjà de gagner des batailles des maintenant pour les travailleurs, qui permet aussi que les choses se dégradent moins vite. Donc c’est très concret. 🙂
Ensuite c’est vrai comme tu le soulignes que ça peut donner un peu le vertige, quelqu’un dans un commentaire précédent disait justement « j’ai déjà l’impression de faire beaucoup, comment faire… ». Je crois qu’en fait il n’est pas tellement question de faire plus mais de faire autrement, de rediriger une partie de son énergie. Ça peut passer par de toutes petites premières étapes, donner un point de vue un peu différent sur son blog (^^), se renseigner un peu sur les assos qui existent, adhérer si on ne peut pas y donner beaucoup de temps… Ce genre de choses. Je comprends que ce soit plus rassurant de simplement gérer sa consommation à soi, d’autant que ça a aussi un aspect ludique parfois, mais j’ai vraiment peur que les résultats escomptés nous désillusionnent. C’est ce qui se passe avec le véganisme, on se réjouit parce qu’on mange plus facilement végane mais dans les faits toujours plus d’animaux sont tués… paradoxalement le fait qu’un marché végane s’ouvre ne change pas grand chose à ce que vivent les animaux, l’un peut parfaitement s’ajouter à l’autre. Ce type d’effet peut exister aussi dans la consommation éthique plus largement, d’où pour moi la nécessité de gueuler un peu en dehors des moments où on doit sortir son portefeuille 😉
Par contre, je suis d’accord sur le fait qu’on peut utiliser nos actions individuelles même modestes pour faire passer un message, gagner un peu de terrain ne serait ce que sur les mentalités, faire apparaître comme plus normal certains types de comportement etc.
Merci à toi, j’espère t’avoir répondu en partie… Tes objections sont très justes, en finissant ce commentaire je me dis qu’il faut définitivement apporter une suite à cet article
A reblogué ceci sur Guerrier nomade.
Bonsoir
Merci de l’article. Je connais assez mal la conso éthique (chez moi ça se limite au véganisme), tu aurais des blogs de qualité à me conseiller stp ?
Bonjour ! Je pense que tu vas pouvoir en trouver dans l’onglet Blogoliste du blog. De mon point de vue les plus intéressants sont ceux qui ne se contentent pas de faire de la publicité pour des marques mais proposent une vision plus large de la manière dont on gère notre temps, notre argent, nos priorités… Et qui n’oublient pas non plus de s’intéresser aux limites de ces actions de consommation. J’aime bien le blog Échos Verts pour ça
Ca fait des mois que j’ai enregistré ton article dans ma barre de favoris dans l’idée de venir le lire
Tu étais venue commenter l’un de mes articles sur le même thème justement
Et je prends enfn le temps un samedi soir ahah
Je l’ai trouvé juste TRES TRES BIEN ecrit
C’est dingue mais tu as vraiment réussi a argumenter comme il le fallait
Effectivement, il y a vraiment des discours très frustrants qui ne font pas du tout avancer les choses !
Dire « n’achetez plus si c’est nul » a toujours eu tendance à m’énerver quand on me le disait
Et ça vaut pour tous les sujets
Quand on me disait « la viande c’est de la merde » ça m’hérissait les poils genre vraiment
Aujourd’hui presque vegane, j’estime que je me dois de respecter les choix des uns des autres
Et je suis sûre qu’il n’y a que comme ça que l’on pourra avancer 😉
Ohlala merci beaucoup d’être venue après tout ce temps alors ! L’articulation efforts individuels / lutte collective fait couler beaucoup d’encre et c’est plutôt bon signe je pense… et c’est vrai que recadrer le débat là dessus peut permettre, aussi, de sortir des critiques purement personnelles en mode « ah mais tu ne fais pas assez ceci, pas assez cela »
Je suis super d’accord avec toi! Ton article est très poussé et très bien écrit. Merci et bravo !
Merci d’être venue me mettre un petit mot !
Disons qu’une consommation plus éthique (je dis « plus » car il n’y a pas d’absolu dans ce domaine, quelque chose peut être « plus » éthique » qu’autre chose mais jamais absolument éthique) et minimaliste (circuits courts, commerce équitable, véganisme, réparation, produits d’occasion…) et le minimum à faire, la base. Comme le véganisme est le minimum à faire pour les animaux nonhumains, pas le maximum. Ensuite, à partir de cette base, il faut construire un monde plus égalitaire. Mais se battre pour un monde plus égalitaire tout en finançant sans réfléchir l’actuel ce serait incohérent voire hypocrite
Je suis en partie d’accord… En partie, car le problème de ce minimum c’est que tout le monde ne peut pas le fournir aujourd’hui. Je comprends les militants des classes populaires qui préfèrent investir de temps aujourd’hui dans le syndicalisme, dans la défense de leurs droits en tant que personnes racisées, etc… Parce que cette émancipation est de toute façon la condition pour qu’ils puissent davantage faire ces choix éthiques. Maintenant, il est vrai que bien souvent nous avons la possibilité de faire les deux : améliorer nos choix de consommation, nos choix alimentaires, et nous investir dans une activité militante. La difficulté, c’est qu’il n’est pas toujours évident de tracer une relation de cause/conséquence directe dans ces choix, par exemple actuellement être végane n’a pas pour conséquence directe d’épargner de la souffrance à des animaux, beaucoup de viande est jetée, beaucoup de viande est exportée, ce qu’on ne consomme pas ne se traduit pas nécessairement en vies sauvées ou en souffrance épargnée, loin de là. Pour la consommation éthique ce n’est pas exactement pareil, mais selon les cas, il n’est pas toujours facile non plus de savoir à quel point ça change la donne (bon par contre la réduction de la consommation, c’est un peu plus clair). Du coup, identifier ce qui relève ou non du minimum ou du maximum, j’aurais un peu de mal à le faire ! Par contre je suis assez d’accord effectivement sur cette idée de cohérence, en portant attention à nos choix de conso, on envoie aussi un signal, on cherche à rendre crédible un projet de société en montrant qu’on peut déjà en faire un peu, maintenant. (Merci de ton commentaire !)
Oui, ce que je veux dire par le « minimum » c’est qu’il faut commencer par là, c’est le plus simple à faire, c’est le premier pas (et celui qui légitime les autres). Je ne veux pas dire qu’il y aurait un « minimum » quantitatif et nombrable (genre tant de produits, tels produits, tel prix etc. car ça effectivement, c’est impossible). Maintenant, je suis sûr que n’importe quelle personne peut aller dans ce sens (je ne dis pas « y arriver », il n’y a pas de « y » qui définisse un point d’arrivée, on n' »y » arrive jamais, on est toujours en chemin, c’est pourquoi chacun-e peut marcher sur le chemin). Il suffit souvent d’y porter un intérêt et d’être un minimum quelqu’un de responsable… Et j’ai bien peur (et c’est pourquoi je ne suis pas content, pas content !) que c’est là que ça pèche, dans l’absence de sens des responsabilités et dans le peu d’éthique de beaucoup trop de gens
Oui c’est vrai que pour beaucoup de personnes c’est le plus simple à faire et ça touche la vie de tous les jours, c’est aussi moins « effrayant » on va dire que l’idée de devoir militer. Je suis d’accord. Mais en fait l’absence de sens des responsabilités, d’éthiques, de sens du collectif aussi, ce n’est pas entièrement une fatalité, ça se construit… Et pour ça il faut, pour moi, proposer une vision politique qui aille dans ce sens, essayer de contre-attaquer face au rouleau compresseur de l’idéologie libérale individualiste. Pas une mince affaire.
C’est vrai, ce n’est pas une fatalité. Les êtres humains sont perfectibles (si on postule l’idée de liberté). D’où l’intérêt, pour ceux qui le peuvent, de militer, d’informer, de proposer…
Wouawou je viens de découvrir ton blog suite à ton commentaire sur le mien (merci beaucoup), et je ne regrette pas d’avoir cliqué ! Je prendrai le temps de me poser et de lire plus d’articles, mais celui-ci a attiré mon attention immédiatement, moi qui suis en pleine remise en question et bouleversement de ma consommation.
Pour ma part, il me semble évident que l’on vote avec son argent et que dans notre société de consommation, c’est à travers cette dernière que l’on pourra inverser la tendance. Il nous faut faire très attention au pouvoir du « Green Marketing », qui continue à vendre un peu tout et n’importe quoi au prétexte que c’est un peu plus bio, un peu plus écolo, un peu plus éthique.
Aujourd’hui, c’est compliqué de savoir comment et quoi consommer, surtout quand toutes les marques mettent en avant quelques petits changement afin de redorer leur image. J’ai travaillé pour une grande chaîne américaine de café (hashtag sirène) qui se prétend « éthique » parce qu’elle utilise un matériau recyclé pour son sol et verse des salaires à peu près décents à ses cultivateurs de café. L’envers du décor, ce sont des gobelets en carton non recyclables, des déchets non triés, des produits d’entretiens très toxiques, des produits de piètre qualité vendus très chers, etc. Le consommateur ne s’interroge pas sur la question et continue à fréquenter ce genre d’établissement. Il faut vraiment passer de l’autre côté du comptoir pour prendre conscience de cela…
Je ne perds pas espoir ! Je crois au développement du marché de l’occasion et de la tendance minimaliste, très inspirante à mes yeux.
Je me permets de relever ton commentaire sur le « capitalisme », terme qui aujourd’hui semble dégager l’aura du malin. En soit, le capitalisme est un système économique intéressant et qui n’est pas mauvais par définition. Les problèmes qui se posent aujourd’hui sont principalement dûs à une mauvaise répartition du profit, donc des richesses.
Le « toujours plus » capitaliste pourrait pourtant être positif, si l’on parvenait à l’adapter à un mode de consommation profondément éthique et écologique, d’où l’intérêt d’encourager certaines marques qui adoptent vraiment des valeurs différentes. Mais comme tu le dis très justement, la responsabilité du consommateur se trouve dans la recherche d’informations précises sur l’éthique et le fonctionnement de l’entreprise en question.
Hello ! Je te remercie vivement de ton commentaire ! Malheureusement ce que tu dis sur cette fameuse chaîne ne m’étonne guère… concernant le capitalisme, je pense saisir ce que tu veux dire, mais il me semble que d’après les données historiques qu’on a sur le système capitaliste, il s’est développé précisément sur ce principe d’une inégale répartition des profits. Difficile d’imaginer un capitalisme qui ne repose pas là dessus, vu que la base en est la propriété privée des moyens de production et donc l’enrichissement des propriétaires ! La recherche de l’augmentation des taux de profits est inhérente au capitalisme, et ça entrave pas mal la possibilité d’un capitalisme éthique ou écologique à mes yeux. Ensuite j’imagine que ça dépend si on estime juste ou pas qu’une entreprise appartienne à une personne ou un petit groupe de personnes qui puissent prendre les décisions seules sans les travailleurs et s’accaparer prioritairement le profit… Mais tu pensais peut-être à d’autres aspects ? Il y a quand-meme des entreprises par ailleurs qui fonctionnent sous forme de coopératives ou sous un modèle autogéré par les travailleurs, sans propriété privée de l’entreprise, mais pour l’instant elles essaient de s’en sortir comme elles peuvent dans une économie qui fonctionnent selon des principes inverses… c’est une discussion très intéressante à avoir en tout cas ! Merci encore pour ton passage. Belle journée !
Petit commentaire tardif car lecture tardive d’un article très intéressant…
La consommation éthique et/ou écologique me questionne du fait qu’elle agit quelquefois (souvent?) comme un alibi. Hyperconsommation éthique reste hyperconsommation. Jeter pour remplacer est souvent plus nocif (pour l’environnement) que d’user ses achats plus ou moins raisonnés d’hier.
L’argument du portefeuille vide pour ne pas acheter éthique ne me convaint pas: troc, seconde main, manger moins de viande, etc. sont des comportements éthiques et économiques. On peut aussi trouver des vêtements GOTS dans des grandes surfaces. Tout n’est pas accessible à toutes les bourses, c’est évident. On peut aussi se poser la question du remplacement d’une voiture essence en état correct par un véhicule hybride qui consomme moins mais dont la production a eu un fort impact écologique et social. Sans compter l’effet rebond.
Le capitalisme comme problème majeur; sans doute, mais le capitalisme ne se fait pas sans consommateur non plus. La décroissance comme option à la croissance? La décroissance vue comme l’opposé de la croissance signifie se baser sur le même modèle économique, parler de post-croissance est moins orienté. Des alternatives post-croissances existent (à l’échelle locale ou à l’état de théorie le plus souvent) ou sont à inventer.
Les changements politiques se font rarement sans heurts quand ils ne se font pas sur base d’un changement social, donc je pense que toutes ces petites gouttes d’eau sont utiles à faire évoluer la société.
Et comment faire évoluer cette société? Cela est très bien pointé par cet article, en faisant évoluer nos modes de vie.
Je voudrais terminer par la sensibilisation des personnes qui ne se sentent pas concernées. Sensibilisation ne veut pas dire culpabiliser, ni même informer. Cela veut tout d’abord dire « rendre sensible ». Comment rendre sensible sans culpabiliser? Peut-être en (r)éveillant l’envie, en créant des liens, en laissant parler son coeur. Puisque entre la tête et les mains, il y a le coeur; entre le raisonnement et l’action, il y a les émotions qui nous portent.
(J’ai puisé certaines de ses idées sur l’écopsychologie et l’écospiritualité mises en avant dans les mouvements de transition.)
Merci beaucoup pour ton commentaire ! C’est vrai que dans l’article j’ai pris le parti de définir la consommation éthique avant tout comme une consommation directe, donc comme un acte d’achat, mais la non-consommation , le troc etc sont des démarches pertinentes que je ne fais pas forcément entrer dans cette catégorie… Et effectivement elles sont le fait de personnes plus modestes bien souvent, qui vont davantage avoir recours à l’entraide directe, à la récup etc, plutôt que d’acheter neufs des vêtements labellisés éthiques (ce qui correspond davantage à ce dont je parle dans l’article, mais que j’aurais du mieux définir effectivement). Je suis en partie d’accord en tout cas quand tu dis « Le capitalisme comme problème majeur; sans doute, mais le capitalisme ne se fait pas sans consommateur « , mais je pense qu’au delà de ça, c’est surtout que le capitalisme dans sa version actuelle fabrique des consommateurs, on le subit largement. On pourrait être encore des millions de plus à essayer de consommer autrement, le capitalisme serait toujours là, le système s’adapte, c’est ce dont il faut se méfier… Quant à faire évoluer nos modes de vie, tout à fait, mais comment le faire sans influer sur les structures elles-même, sur les modes de production, le logement, les transports ? Bien des personnes n’ont que peu de marge de manoeuvre pour faire évoluer leur mode de vie : un logement mal isolé et une vieille voiture polluante ne se remplacent pas toujours facilement, et si des personnes conservent ça, c’est bien parce que c’est trop coûteux à changer, et ce n’est pas un choix… Donc moi la question qui m’anime, c’est comment ne pas laisser les plus précaires sur le carreau en s’investissant dans des mouvements de transition de ce type ? On est dans une situation où ce sont les personnes les plus pauvres qui sont le plus touchés par les changements environnementaux, à commencer par ces canicules qui se multiplient, mais on ne cherche pas toujours en revanche à militer avec elles. Enfin pour ta dernière remarque, je ne suis pas forcément sensible à l’écospiritualité en tant que telle, mais en revanche je saisis je pense ce que tu veux dire : réveiller l’envie ça suppose aussi de donner un cap qui soit capable de susciter l’enthousiasme… plus facile à dire qu’à faire mais c’est un beau défi
Avant tout, merci de nous avoir fait découvrir ton blog, il est VRAIMENT génial! Ton article est très intéressant et complet, et c’est très appréciable de lire un point-de-vue comme le tien, axé à la fois sur des idées à grande échelle et sur un vécu personnel. Tu abordes également des choses que nous avons laissé tombé dans la rédaction de notre article (comme le fait de pousser à une « surconsommation éthique »), et ça fait vraiment plaisir de lire ça. Au plaisir de te relire!
C’est super gentil merci ! Je voudrais alimenter le blog plus souvent mais je publie pas autant que je voudrais, j’espère quand même être plus régulière dans les mois qui viennent. Merci et à bientôt, et au plaisir de vous lire vous aussi !
Comme toujours : merci pour tes réflexions tempérées, étayées et constructives
Je t’avoue que ça me déprime un peu quand je vois que les blog(euse)s qui ont le plus de succès sont celles qui promeuvent la consommation, ou recommandent des marques. Je ne néglige en rien l’importance pour les auteurs de s’assurer des revenus, afin de proposer d’autres contenus plus approfondis ; ni l’importance que peut avoir l’influence d’un blog lifestyle : s’il passe de consommation lambda à souci éthique, il peut influencer dans cette transition un nombre non négligeable de lecteurs. A savoir : beaucoup de citoyens-consomacteurs, et surtout des personnes qui n’étaient pas sensibilisés à l’enjeu socio-environnemental. Et c’est peut-être là l’écueil de nombre de blogs et réseaux : comme on y fonctionne en circuit fermé, en évoluant dans le cercle de ce qu’on connait déjà, on touche des personnes déjà sensibilisés, on prêche des convaincus.
Or pour que les choses changent structurellement, il faut sensibiliser et informer le grand public et surtout les personnes qui ne sont pas déjà écolos.
Donc : les blogs lifestyle ont la capacité à influencer les gens, en nombre et dans des cercles d’intérêt divers.
Mais pourquoi fonctionnent-ils si bien (et pourquoi nous les premières aimons les consulter)? Car, tu as prononcé le mot « confortable » : il est plus facile d’écrire et de lire un article lifestyle/conso qu’un article étayé comme le tien. Qui, par sa richesse et sa réflexion, demande du temps, des capacités de compréhension et de la disponibilité mentale.
D’autre part, je t’avoue que je flotte un peu en ce moment en ce qui concerne le contenu de mon blog : car, hormis coup de coeur sincère et ponctuel, je ne souhaite pas pousser à la consommation (éthique) à travers des articles vantant des marques. Mais d’autre part, je ne me sens pas légitime pour aborder des réflexions poussées comme les tiennes, ou celles d’autres autrices/auteurs. Car tu as bien plus de cultures, connaissances, bagages culturels et universitaires que moi, ou d’autres blogeuses/eurs.
Et là, je me dis : si tout le monde n’a pas la disponibilité mentale et la capacité intellectuelle pour écrire et lire des articles réflexifs; est-ce qu’au contraire, tout le monde ne se sent-il pas légitime à consommer ; voire légitimé par la consommation?
Car, adaptée à nos aspirations et capacités financières, la consommation est présentée comme à la portée de tous, et permettant même une participation à la société. Qui apparaît comme plus accessible qu’une prise de parole, ou demandant moins de disponibilités mentale/temporelle que le militantisme hors-consommation.
Présenté comme la panacée symbolisant le progrès et la participation sociale : à travers les blogs, on verrait presque l’acte de consommer comme plus accessible et inclusif que la lutte militante, les débats ou réflexions sur nos la structure de la société ou nos aspirations individuelles.
Car nous avons tendance à nous tourner vers les solutions de facilité. Que ce soit dans le choix des articles qu’on écrit/lit, ou dans nos actes de consommation (céder aux pulsions d’achat plutôt que d’y mettre de la conscience réfléchie; acheter un repas sur le pouce cher et suremballé plutôt que d’amener sa boite repas..).
Et comme beaucoup de blogueuses/eurs n’en font pas leur métier, elles n’ont pas forcément le temps/l’envie d’écrire des articles de fond, et se tourne vers une autre forme d’action, à savoir la promotion de la consommac’tion…
Merci beaucoup pour ton long commentaire, j’adore les longs commentaires 🙂 (et ça me touche de voir que ce blog peut susciter l’envie de taper autant sur son clavier !)
Effectivement il y a une question de confort, d’accessibilité, et le fait de se sentir plus légitime à parler de consommation et de petits gestes quotidiens que d’aspects plus politiques… car après tout nous sommes tous consommateurs et consommatrices, nous mangeons tous, nous avons tous une salle de bain, etc. C’est compréhensible qu’on ait envie de partager ça plus spontanément… et puis tout simplement, aussi, les discussions politiques c’est pas quelque chose de très répandu ou assumé : c’est le truc rabat joie, et ne parlons pas de militantisme, c’est carrément un gros mot ! Alors que faire ses courses, ben c’est pour tout le monde, ça semble à portée de main. C’est sûrement pour les mêmes raisons que ces blogs fonctionnent aussi bien, beaucoup de personnes sont susceptibles de les consulter (on peut chercher une marque de shampooing bio et être bien contente de trouver un article dessus, qu’on soit de droite de gauche ou qu’on se sente paumée au niveau politique !)
En revanche je suis chagrinée qu’autant de personnes, autant de blogueuses (donc de femmes surtout) aient des complexes à écrire sur des aspects plus politiques au sens large du terme. C’est vrai qu’une partie des blogs qui évoquent de tels sujets sont tenus par des personnes qui non seulement ont fait des études mais parfois sont aussi dans le monde universitaire… mais ce n’est pas toujours le cas : par exemple le blog La Carotte Masquée, le blog Libex ou encore Les Mouvements zéro sont militants sans être « universitaires ». Je pense que la culture politique, le bagage, c’est quelque chose qui s’acquiert selon nos centres de curiosités au fur et à mesure et surtout que ça ne nécessite pas d’avoir fait une thèse ni même des études supérieures ! Et d’ailleurs, des articles plus spontanés sur ces questions sont tout aussi intéressants et valables, et en plus ils sont susceptibles d’être lus par plus de monde. J’ai adoré l’article récent de Pauline d’Un invincible été sur la critique d’une écologie privilégiée, et je le trouve écrit dans un style super agréable et pas du tout universitaire (ce qui fait vraiment du bien : moi j’ai du mal à me détacher d’un style plus formel car je baigne dedans, mais je touche probablement moins de monde aussi !)
Qu’est-ce qu’on peut faire pour résister un peu à cette tendance hégémonique de la consom’action et du lifestyle sur les réseaux sociaux… j’ai pas de réponse toute faite, mais titiller un peu notre fibre féministe pourrait aider : les blogs politiques, militants, sont souvent tenus par des mecs et les blogs cuisine, lifestyle par des filles ! C’est quand-même dommage, et pourquoi pas s’autoriser à faire les deux par exemple 🙂 ? (en sachant que les blogueuses green sont aussi beaucoup lues par des femmes, donc ce sont des femmes qui conseillent à des femmes de faire plus d’efforts, plus de zéro déchet, de cuisine etc tout ça dans la sphère domestique alors que les femmes font encore la majorité des tâches ménagères dans les foyers…. c’est pas anodin). Et puis tout simplement en créant d’autres espaces et en essayant de les articuler, en brisant un peu ces frontières, qu’il n’y ait pas une blogosphère politique théorique qui vit de son côté sur les plateformes genre Mediapart, et une blogosphère lifesyle, sans que les deux échangent. J’apprécie toujours quand je lis des réflexions sur l’inclusivité, l’accessibilité, le féminisme etc sur des blogs qui parlent majoritairement de cuisine par exemple. C’est pas toujours facile d’oser, mais c’est possible je pense.
Et enfin je pense aussi qu’il y a différentes manières de traiter de mode de vie écologiques et de gestes quotidiens, on peut prendre certaines précautions, avoir une réflexion sur le prix des produits qu’on évoque, sélectionner beaucoup etc… introduire de petites réflexions même en quelques phrases pour montrer qu’on prend en compte certaines limites etc. C’est des petits détails mais c’est déjà très différent des blogs d’influenceuses avec des promo et concours tous les jours 🙂
Juste un grand merci pour tes articles et en particulier celui-ci ! Je lis quelquefois des textes que je trouve culpabilisant et qui personnellement, me paralysent parce que je ne sais pas quoi faire, que j’ai l’impression que tout que ce que je pourrais faire ne servira à rien. Et tes articles au contraire avec leur ton bienveillant, posé et réfléchi donnent tellement envie d’agir, de réfléchir, de lutter, de militer pour rendre le monde plus juste. Une vraie bouffée d’espoir, de courage, d’envie. Donc merci !
Merci infiniment pour ce gentil commentaire ! As-tu lu l’article de Pauline, du blog Un invincible été, qui s’intitule Critique d’une écologie privilégiée ? 🙂
Oui, je l’ai lu ! J’ai trouvé son article super intéressant et très pertinent. C’est vraiment dommage que la question de l’écologie soit si peu politisée et tellement individualisée. Dans le genre, je me souviens d’une publicité de l’état (français) qui exhortait chaque individu à réduire ses déchets, de manière plutôt culpabilisante et assez inutile puisque dans le même temps il est très difficile d’éviter les emballages et suremballages de toutes sortes. Quelle absurdité de demander aux gens de réduire leurs déchets au lieu d’agir en amont, au moment où ils sont produits ! Au final, il me semble un peu illogique de penser l’écologie sans voir la nécessité d’un changement profond de notre société, la nécessité de sortir du capitalisme. Par exemple en répartissant le travail entre tou•te•s, nous aurions plus de temps libre donc plus de temps pour cuisiner des produits bruts et donc nous produirions moins de déchets (entre autres avantages !). En tout cas, merci de m’avoir fait découvrir son blog ! 😊
Je suis évidemment entièrement d’accord et effectivement la question du travail a été un peu abandonnée alors qu’elle est centrale ! et on focalise beaucoup sur la consommation qui est elle-même cadrée par les systèmes de production, sûrement parce qu’on a intégré l’idée que c’était la demande qui était première alors que c’est très discutable. Merci encore pour tes retours et à bientôt !